Home L'actu Gérard Noiriel : « La question sociale est et restera au cœur du débat »

Gérard Noiriel : « La question sociale est et restera au cœur du débat »

by Mehdi D.

La salle de conférence de la Bourse du Travail de Toulouse était bien remplie, vendredi 27 septembre, à l’occasion de la venue de Gérard Noiriel. Invité par la CGT, l’historien a lancé le débat sur la banalisation du racisme dans les discours de haine qui abondent dans le champ médiatique. Chouf Tolosa y a répondu présent.

L’historien – auteur de l’ouvrage sur l’immigration devenu un classique Le creuset français (1988) – était à la Bourse du travail de Toulouse le 27 septembre (DR).

Accompagné de plusieurs représentants d’organisations* sensibles à la multiplication des discours de haine dans les médias, un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur, Gérard Noiriel était présent vendredi 27 septembre à Toulouse pour échanger sur un sujet qui préoccupe de nombreux citoyens du territoire français.

La récente nomination du contestable Bruno Retailleau au ministère de l’intérieur, a permis d’inaugurer le débat, avant de rentrer dans le vif des discussions : « Tout ceci n’a qu’un but, celui de diviser les gens à travers de la propagande bien ciblée. Depuis que le capitalisme s’est installé, les colonialistes n’ont jamais cessé d’exploiter et d’asservir les peuples dits « inférieurs », sans tenir compte des états d’âme de ces derniers. Et depuis la fin du 19e siècle, l’information s’est mise au service de ce fonctionnement », précise Gérard Noiriel avant de s’insurger contre la société actuelle où l’on constate une droitisation de l’opinion, mais aussi de la sphère publique et des grands médias : « En France par exemple, ce sont sept milliardaires qui contrôlent 90% des médias. Il ne faut pas s’étonner des contenus destinés à renforcer le clivage entre les différentes communautés. Mais, poursuit-il, les discours de haine ne pèsent rien face à la solidarité humaine et il ne faut pas se laisser berner par ce cirque qui fait surtout le jeu des politiciens. Nous les historiens, on a du mal à se faire entendre car l’information est désormais au rabais. Les chaînes de télévision font appel à des soi-disant spécialistes, en réalité ils ne sont que des provocateurs. C’est bien plus vendeur ! », note l’historien, bien conscient qu’il est surtout invité sur les différents plateaux pour donner son opinion, plutôt que pour parler de ses différents travaux.

« Tout ceci n’est que prétexte… », ponctue l’auteur de nombreux ouvrages dont Le venin dans la plume, focalisé sur le parcours de Eric Zemmour (2019, aux éditions La découverte). Tout récemment, il a aussi publié Préférence nationale. Leçon d’histoire à l’usage des contemporains (mars 2024, aux éditions Tracts Gallimard), dans lequel il suggère plusieurs pistes de réflexion en vue d’une potentielle dérive xénophobe du corps social français.

La lutte des classes, c’est dans l’action  

Tandis que le Medef a récemment annoncé que le patronat aurait besoin de 3 millions de travailleurs dans les années à venir, en raison d’une population française vieillissante, paradoxalement, le gouvernement en place instaure une politique d’extrême droite qui fragilise l’égalité des chances dans des domaines fondamentaux comme celui du travail, de la santé et des acquis sociaux : « La question sociale est, et restera au cœur du débat, promet l’historien devant le salle pleine de la Bourse du Travail. La gauche a toujours triomphé en mettant en avant cette priorité dans son programme. Le moteur social autour des conditions de vie communes. Partout en France, des gens luttent pour rendre le monde plus humain. En entendez-vous parler dans les médias ? Que très peu, malheureusement. »

A la fin de son intervention, Gérard Noiriel a tendu le micro au public, instaurant un échange intense, parfois troublant, car le camp des gentils humanistes manque aujourd’hui de solutions pacifistes… A l’image de ce jeune camarade qui s’est insurgé, estimant que la ligne rouge a été déjà été franchie lors des dernières élections législatives avec 11 millions de votants pour le RN : « Monsieur Noiriel, j’ai l’impression que seule la violence dans nos actions pourra nous faire avancer. »

Aujourd’hui, notre France ne fait plus rêver, elle traverse une période bien sombre. Et si les choses peuvent se régler ou s’adoucir un jour, elles le seront par le biais d’actions concrètes, et non pas par du « bla bla » en comité restreint. Sacrée mission qui s’annonce pour les défenseurs de la notion des droits de l’homme, dans un pays qui, pour rappel, en a fait la promotion pendant des lustres.

Vendredi soir au siège de la CGT de Toulouse, Gérard Noiriel s’est positionné en tant qu’historien certes, mais aussi en véritable militant prêt à aider les porteurs de bonnes idées.

* Lors de cette conférence-débat, étaient présents la LDH, Les amis du Monde Diplomatique, On est là, l’ESMA (Échange, Savoir, Mémoire Active), le Pôle histoire de la CGT ainsi que RESF.

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