Home L'actuA la une Première étape toulousaine réussie pour l’Assemblée des quartiers

Première étape toulousaine réussie pour l’Assemblée des quartiers

by La rédac Chouf Tolosa

Toulouse a accueilli jeudi 2 mai la première réunion locale de l’Assemblée des quartiers. Un nouveau chantier s’ouvre dans la longue histoire de construction d’un mouvement autonome des habitant·es des quartiers populaires et des banlieues. Compte-rendu.

La maison de quartier de Bagatelle a fait le plein pour cette première réunion (DR)

Plus d’une cinquantaine de personnes se sont retrouvées jeudi 2 mai en fin d’après-midi dans la grande salle de la maison de quartier de Bagatelle pour la réunion toulousaine de l’Assemblée des quartiers.

C’était l’une des premières étapes régionales de cette initiative nationale lancée il y a plusieurs mois par des militant·es des quartiers populaires et des immigrations, ancien·nes combattant·es et jeunes collectifs. Dans un « appel du 28 mars », ils et elles constatent la démission des « institutions républicaines » dans les cités et les banlieues, le silence qui entoure les injustices qui s’y déroulent, la distinction opérée par le pouvoir entre « citoyens légitimes et citoyens de seconde zone ». Et face à ça, « clament l’urgence de relever la tête collectivement ». Objectif: donner vie à une structure fédératrice capable de faire entendre les voix des habitant·es de ces espaces stigmatisés dans le débat public, d’y imposer leurs thématiques et de peser sur les décisions. « Ensemble pour imposer un rapport de force, non pas dans l’intérêt de quelques uns mais dans celui de tous les citoyens et citoyennes des quartiers populaires, des zones périurbaines, rurales ou des outre-mer », annonce le journal de 4 pages édité à l’occasion du rendez-vous fondateur qui s’est tenu à la Bourse du travail à Paris le 27 avril dernier, regroupant plus d’une centaine de personnes issues de mouvements, d’organisations et de luttes diverses : ancien·nes du MIB, membres du comité Adama, du Tactikollectif, d’AC le feu, marcheurs·ses de 1983, etc. Un panel d’individus et de structures ayant des modalités d’interventions et des options tactiques et stratégiques différentes (parfois radicalement) mais qui ont toutes et tous « les quartiers au coeur » et pour qui il s’agit avant tout d’une « question politique », ont rappelé les organisateurs·trices de la réunion toulousaine.

Une réunion où il a également été précisé que toutes les personnes engagées à l’Assemblée des quartiers y sont « à titre individuel » et non pour représenter une organisation. Ce nouvel espace qui se pense comme une « maison commune », entend se structurer autour de trois « piliers » : la transmission et la formation (autour du patrimoine de l’engagement et des luttes, de la « filiation ») ; la consolidation des réseaux et de la solidarité (entre les différentes organisations et collectifs et les différents territoires) ; la possibilité et la nécessité de débattre au moment des échéances électorales.

Constat social et enjeux stratégiques au coeur des débats (DR)

Autour de ces axes, les débats et les échanges ont fusé lors de la soirée toulousaine. La question, fondamentale, de la représentation, a rapidement émergé. Qui représente qui, avec quel mandat, quelle légitimité et quels objectifs ? Celle du bilan aussi, avec des avis partagés : « 40 ans d’échec » depuis la marche de 1983, comme l’ont estimé certains ? Mais alors échec de qui, de quoi ? Ou au contraire 40 ans d’expériences parfois douloureuses mais qui se sont agrégées, enrichies et ont tant bien que mal sédimenté ?

L’assemblée a parlé question sociale en s’emparant des thématiques bien connues de celles et ceux qui s’intéressent aux quartiers populaires et aux banlieues, même si elles n’ont parfois été qu’effleurées: la politique de la ville et ses concertations de façade, la situation des jeunes, l’économie du trafic et les drames qu’elle génère, la permanence de la répression policière, les discriminations sociales et raciales. Elle a aussi parlé enjeux stratégiques : le rapport au champ politique partidaire et singulièrement à la gauche, la construction d’un rapport de force avec les acteurs institutionnels, la nécessité de ne pas s’en tenir à des déclarations d’intention mais de retrouver du pouvoir agir…

Au final, deux bonnes heures d’échanges parfois vifs et une réunion animée où il a été rappelé que cette « maison commune » est aujourd’hui à l’état de chantier: un processus de construction ouvert aux volontés et aux désirs militants non sectaires. Vu le nombre de personnes présentes, leur diversité, l’enthousiasme des échanges et les nombreuses attentes formulées lors de cette première soirée à Bagatelle, il démarre sous des auspices prometteurs.

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