Des rassemblements et manifestations contre les violences policières ont eu lieu un peu partout au cours des premières semaines de juin. Retour sur les derniers épisodes en date d’une mobilisation qui ne faiblit pas.
La mort de George Floyd a sans aucun doute provoqué une onde de choc à travers le monde et permis à des dizaines de milliers de personnes de manifester leur soutien aux victimes de violences policières mais aussi leur volonté de ne plus les voir se renouveler.
Après le rassemblement historique du 3 juin (voir notre article précédent), le Comité Vérité & Justice 31 avait ainsi appelé le 10 juin à un rassemblement suivi d’une manifestation jusqu’au Palais de justice de Toulouse.
Beaucoup de personnes (sûrement plus de 2000) ont répondu présentes. Le comité – qui avait déniché une meilleure sono que pour le rassemblement du 3 – a pu donner à entendre à cette foule divers témoignages faisant état du racisme et de l’islamophobie ordinaires, tels qu’ils sont vécus au quotidien, ainsi que ceux d’une jeunesse volontaire et déterminée à lutter contre les discriminations.
Cette fois-ci, des représentants d’organisations ont été conviés à prendre la parole en fin de rassemblement et un militant de la campagne Boycott Désinvestissement Sanction (BDS, une campagne internationale de solidarité avec le peuple palestinien demandant le boycott de l’Etat d’Israël) en a profité pour parler de ce que subissent les Palestiniens sous le joug des sionistes en rappelant à juste titre que les méthodes de répression de la police américaine sont tirées des méthodes de répression israélienne.
Après une bonne heure d’interventions diverses, la marche a pu démarrer sous les slogans « Pas de justice, pas de paix », « Zied, Bouna, Théo et Adama, on n’oublie pas, on ne pardonne pas », entre autres, et s’est dirigée vers le Tribunal de grande instance où des forces de police avaient été déployées.
Devant le Palais de justice, la foule a clamé longuement le slogan « Justice pour Adama ! ».
La station de métro du Palais de justice et la route par laquelle les manifestants étaient arrivées ont été fermées. Et quelques grenades de gaz lacrymogène ont été tirées, comme à l’accoutumée, mais la fin de soirée s’est déroulée sans trop de tensions.
Trois jours plus tard, une manifestation nationale était organisée à Paris par le comité Adama, à laquelle quelques membres du Comité Vérité & justice 31 se sont rendus depuis Toulouse. Une foule immense a été au rendez-vous, venue de partout en France, regroupant aussi les comités des victimes de violences policières. Qui ont pu entendre les paroles puissantes d’Assa Traoré demandant justice pour son frère Adama et toutes les victimes des violences policières.
Une magnifique mobilisation perturbée par le groupuscule d’extrême-droite Génération identitaire qui a déployé une banderole où était inscrit avec « humour » : « Justice pour les victimes du racisme anti blanc ». La réaction à cette provocation ne s’est pas faite attendre : les habitants de l’immeuble, voisins du dessous, ont déchiré en partie la banderole, des antifas sont montés et un jeune activiste (@Acrobate94) a escaladé l’immeuble à mains nues, parvenant à l’enlever complètement sous les applaudissements de la foule !
L’incident, qui s’est achevé par l’exfiltration des militants racistes par la police, a donné l’occasion à une personne de proférer des insultes antisémites, condamnées sans aucune ambiguïté par Assa Traoré dès qu’elle en a eu connaissance. Ce qui n’a pas empêché de nombreux médias de s’appesantir lourdement sur cet incident pour diluer le sens de la manifestation. Ignorant que les manifestants ont très bien saisi que le combat contre l’antisémitisme fait totalement partie de la lutte antiraciste.
Le préfet de police avait toléré la manifestation mais il a fait en sorte que la foule soit gazée et nassée, gâchant la volonté des organisateurs d’aller plus loin dans Paris. La foule n’a pu marcher comme elle l’avait prévu.
A noter, suite à ces manifestations : la colère des policiers et de leurs syndicats qui refusent notamment que soit interdite… la clé d’étranglement. Lors de son intervention du 8 juin, le ministre de l’intérieur Christophe Castaner avait annoncé la fin du recours à cette technique parfois utilisée lors des interpellations, qui a déjà causé plusieurs morts en France. S’en sont suivis les jours d’après plusieurs manifestations de policiers pour réclamer l’annulation de cette interdiction. Une pression qui a payé en partie puisque le 15 juin, une note du directeur général de la police nationale (DGPN) précisait que cette techique pourrait encore être utilisée « avec discernement » jusqu’au 1er septembre. Si certaines personnalités du show business ont dit que elles avaient peur de la police, le Premier ministre et le gouvernement, eux, n’entendent visiblement pas se fâcher avec les forces de l’ordre, malgré (ou à cause de?) la colère populaire qui ne cesse d’enfler.