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En Algérie, “le peuple a repris sa place”

by Nabil

Le mouvement de contestation algérien, le “Hirak”, a repris de plus belle à la rentrée. L’issue de ce mouvement reste toujours incertaine mais le peuple reste mobilisé dans la rue. Cet été, un reporter de Chouf Tolosa a pu suivre le mouvement depuis Béjaïa, en Kabylie, où il se trouvait. Et en a ramené cette rencontre avec Faouzi, trentenaire, impliqué dans le mouvement. Un son réalisé et monté par Nabil et Meryem Bahia.

A la marche du 9 août, comme tous les vendredi depuis février, la foule arrive de toute part vers le point de rassemblement au pied du mur “des revendications” de Béjaïa, où des affiches et banderoles sont accrochées. Parmi elles, le portrait géant de Matoub Lounès, chanteur contestataire et populaire kabyle, assassiné en 98, durant la décennie noire.

Les manifestants scandent “La Casa del Mouradia” à Béjaïa

La Kabylie, région historiquement rebelle et attachée à son identité culturelle, a déjà connu plusieurs grands mouvements de révolte dans son histoire. Et payé un cher tribut lors du printemps noir de 2001, durant lequel le pouvoir central d’Alger avait durement réprimé la révolte populaire dans la région causant 126 morts et 5000 blessés.

Aujourd’hui encore, le peuple est là, l’ambiance est chaleureuse, familiale et très dynamique entre chants populaire, avec l’incontournable “Casa del Mouradia”, musique, slogans et fusées. Pourtant, on me dit alors dans l’oreillette que “ça, c’est rien, c’est l’été, et les gens sont moins mobilisés en cette période, mais à la rentrée c’est une évidence pour tout le monde, ça repartira de plus belle!” Il fait particulièrement chaud ce jour-là, le thermomètre taquine les 40°, mais le peuple algérien est solidaire et, au-delà des manifestants, les habitants des grands immeubles que croise le cortège, agitent des drapeaux algériens et jettent de l’eau pour rafraîchir la foule. J’assiste à un grand moment de cohésion populaire.

Faouzi a la trentaine et est engagé depuis le début dans ce mouvement comme la plupart de ses collégues. Assis à la terrasse d’un café, il nous donne sa vision, son analyse, et ses espoirs. Avant de conclure, faisant référence au slogan populaire de la révolution algérienne, et qui résonne aujourd’hui singulièrement : “Un seul héros le peuple.”

Interview de Faouzi sur le mouvement de contestation en cours en Algérie
Kherrata : C'est symboliquement de là qu'est parti le mouvement. Historiquement, le 8 mai 1945, dans le même temps que la fête de la libération française, d’importantes manifestations pour l'indépendance de l’Algérie ont été réprimées dans la violence et ont provoqué le massacre de milliers d’Algériens dans les jours qui ont suivi dans la région de Sétif, Guelma et Kherrata.(les chiffres les plus crédibles parlent de 45 000 morts).“Pour la première fois de son histoire, Kherrata a commémoré l’anniversaire des massacres du 8 Mai 1945 loin des protocoles officiels. Les autorités ont été éclipsées par la reprise en main de la commémoration par les jeunes de cette commune de l’extrême-est de la wilaya de Béjaïa, qui n’a vu le déplacement cette fois-ci ni d’un ministre ni du wali...”(extrait de El Watan, 11/05/2019)  
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