Ce samedi 22 février, le Hirak, mouvement de révolte du peuple algérien a fêté ses 1 an. Alors que le mouvement se poursuit, la diaspora algérienne organise le relais un peu partout. A Toulouse, c’est dans la légendaire petite pizzeria Belfort, “La porte de la fontaine”, que l’on s’est rassemblés pour célébrer l’anniversaire. Ça faisait un moment qu’on avait pas parlé de l’Algérie sur Chouf Tolosa… Alors voici un petit retour chez Hafid et Zoubir pour les 1 an du Hirak.
La soirée débute à 18h30 et c’est en petit comité, et dans une atmosphère de recueil dans une salle allumée à la bougie, que l’on revient, entre émotion et rires, sur un diaporama du mouvement. Les photos se succèdent sur une musique écrite durant le mouvement “Libérez l’Algérie”. Des scènes de liesse, des images de solidarité, de tendresse et de détermination. Et bien sûr aussi beaucoup de messages et slogans humoristiques, signature singulière d’un peuple algérien qui se joue des codes entre sarcasme et autodérision.
Puis on partage le gâteau d’anniversaire, la tamina, pâtisserie traditionnelle, accompagnée d’un verre de thé à la menthe, tout en faisant le tour de l’exposition photographique du mouvement qui tapisse les murs du lieu pour l’occasion. Et, bien entendu, il y a un drapeau algérien, accroché en hauteur, comme une présence bienveillante sur la petite communauté rassemblée ici. Drapeau berbère aussi, car les kabyles sont dans la place, dans la pizzeria comme dans les manifestations.
“On a pas seulement repris l’espace public, mais on a repris son auto-organisation, son auto-éducation”
Abida Allouache
La salle se remplit petit à petit, alors que commencent des lectures de textes, de poèmes, et des interventions qui croisent les différentes générations et les différents points de vues sur le mouvement. « Pour moi, le plus important dans ce mouvement c’est qu’il y a des millions d’algériens qui sont dans les rues à parler de changement », nous dit un jeune homme engagé dans le mouvement de soutien au Hirak à Toulouse, applaudi énergiquement par la salle. Alors que l’espace devient bondé et que Hafid, notre sociologue-pizzaïolo, s’affaire aux fourneaux, on passe de l’ambiance de meeting à de l’analyse politique et stratégique, sans oublier la dimension poétique. Abida reprend la parole : « On va découvrir, on ne sait pas encore ce qui va se passer, et quand on nous dit 360 conférences par jour, c’est exceptionnel, c’est extraordinaire, c’est de l’éducation permanente qui se fait, c’est l’éducation populaire reprise par les gens. On a pas seulement repris l’espace public, mais on a repris son auto-organisation, son auto-éducation […] »
Moment chaleureux qui se conclut naturellement en musique, autour d’un groupe de chaâbi et avec l’intervention d’un camarade espagnol, manifestement « cantador » ! Tout ce monde réchauffant encore d’avantage l’ambiance et les coeurs, avec beaucoup de rires, de danses, et de partage.
Un très joli moment, à l’image du hirak algérien, festif, déterminé et chaleureux, concocté par Zoubir et sa complice Abida Allouache, auteure du livre La non-violence en Islam, qui interviendra le 5 mars au même endroit, à partir de 19h, pour présenter son ouvrage.
Et que la danse du peuple continue, hasta la victoria siempre !
Retrouvez tous les articles de Chouf Tolosa sur l’Algérie:
La série “l’Algérie Chouf d’ici” de Bens: – « Aucun leader charismatique n’a encore émergé », 2 – « La seule chose qui me retient ici, ce sont mes enfants », 3 – Hafid, pizzeria avec vue (sur l’Algérie) et 4 – Oran en quête de liberté
Ainsi qu’un reportage à Béjaia, en Kabylie, de Nabil. Et un compte-rendu de la fête dans les rues de Toulouse, à l’occasion de la victoire des fennecs algériens lors de la CAN, le 19 juillet dernier.