Comme le disait l’anthropologue Bernard Arcand, “l’humanité n’a jamais profité des conseils d’experts en orientation professionnelle.” Ou scolaire, c’est encore plus vrai dans les quartiers populaires.
L’histoire de l’orientation dans les quartiers est assez particulière : à quartier défavorisé (ce qu’ils disent), orientation dévalorisée !
Il n’y a pas de de sot métier. Mais qu’on laisse aux enfants la liberté de choisir leur avenir .
Au lieu de ça, on aura droit à des insinuations aux portes du collège émanant de professeurs de CM2, style : « ça t’irait bien que tu fasses esthéticienne ou coiffeuse parce qu’on n’a pas l’impression que tu sois intéressée par autre chose… » Ce qui est naturel pour une pré-ado ailleurs quant à ses goûts, présume des futures compétences d’une fille de 10 ans quand elle s’appelle Fatima.
Lors de l’année scolaire 2018, une principale de collège de zone prioritaire conseille lors d’une réunion sur l’orientation d’intégrer plutôt le lycée professionnel, les métiers étant “plus clairs” – ce qui reste à prouver quand on est perdus. « Et à la limite si une filière ne vous plaît pas, vous pourrez tenter une autre ». A croire que les élèves ont du temps à perdre. Mieux, l’argument avancé est : « si vous ne maîtrisez pas bien l’écrit, on vous déconseille de longues études ». Il aurait été plus logique pour cette responsable de promettre que les élèves dont elle est un peu la garante, apprendraient la langue officielle de la république française, au moins pour pouvoir mener à bien leurs études, au lieu de les conforter dans la médiocrité.
Et il y a aussi ces profs qui ont des âmes de diseuses de bonne aventure et prédisent à certains élèves qu’ils ne réussiront pas dans les filières générales et que l’avenir de certaines filles se trouve dans la cuisine à serpiller le sol. La fille à qui l’on prédisait un avenir radieux dans sa cuisine a obtenu deux masters en droit…
Tous les exemples cités dans ce billet sont réels.
Après, ce genre de comportement indigne peut nourrir l’envie de vouloir réussir dans la tête pas blonde de nos enfants mais malheureusement, ce ne sera pas le cas de tous ces jeunes qui construisent l’estime de soi à cet âge-clef de leur vie.
Ça signifie aussi que certains professeurs ne connaissent pas leurs élèves et ne s’intéressent pas à leurs rêves d’avenir.
Et pourtant, il est important de bien choisir pour ne pas être affiché un jour avec un bonnet d’âne, si on a l’audace de réussir à l’instar d’un Yassine Bouzrou…