Le terrible séisme qui a frappé le Maroc le 8 septembre a entraîné une grande vague de solidarité en France, singulièrement dans les quartiers populaires où beaucoup ont des liens familiaux avec le pays. Reportage à Empalot.
« Bonjour, vous venez pour la collecte ? ». Ce samedi 16 septembre, Mokhtar, bénévole à Karavan depuis près de neuf ans, pousse la porte du local avec un grand sourire. À l’intérieur, des affiches sur les murs racontent l’histoire de l’association toulousaine, fondée dans le quartier d’Empalot en 2001. Depuis le séisme qui a frappé le Maroc le 8 septembre, à Toulouse comme ailleurs, les bénévoles s’organisent pour la collecte de soutien. Le tremblement de terre, qui a fait plus de 2900 morts et 5600 blessés, a causé des dégâts matériels dans plusieurs régions du pays, principalement rurales.
Dehors, des pneus crissent sur le gravier. Une portière se ferme et une voix à l’extérieur demande de l’aide. Mokhtar s’avance pour aider à décharger la voiture. Christine, habituée de Karavan, peine à faire sortir deux gros sacs de sa voiture. « J’ai ramené des couvertures et des couettes ! » Proche de l’association, elle est touchée par la mobilisation. « Ça me fait prendre conscience que sans le monde du bénévolat et des associations, les choses fonctionneraient beaucoup moins bien, remarque-t-elle. Il faut des gens de bonne volonté et même avec ça, c’est compliqué ».
Cinq minutes après, Baya arrive. Lorsqu’elle passe le seuil, tout le monde lui sourit. Elle salue affectueusement l’assistance et attrape un éventail qui traîne sur la table. « Qu’est-ce qu’il fait chaud ! » Baya est l’une des membres fondatrices de Karavan. Depuis le séisme, elle est responsable de la collecte et de l’aide pour le Maroc. « On fonctionne en réseau avec des associations toulousaines mais aussi marocaines, explique la bénévole. On se sentait responsable vu qu’on a eu à travailler avec des coopératives de femmes sur place, aussi bien à Amizmiz, qu’à Tighdouine. »
L’épicentre du séisme a été enregistré à environ 71 km au sud de Marrakech, au coeur du Haut Atlas, une chaîne montagneuse qui parcourt les régions centrales du Maroc. Les villages situés dans les hauteurs sont difficiles d’accès ce qui complique le contact avec les populations sur place. Après le choc initial, l’association s’organise pour apporter de l’aide. « On ne voulait pas non plus envoyer n’importe quoi, alors on a attendu qu’il y ait accès à ces villages reculés pour savoir ce dont ils ont besoin. » Baya fait glisser une liste sur la table : collecte d’argent, de lampes solaires, de tentes. Karavan fournit une liste de choses à donner en priorité. « Dimanche on a eu une réunion avec la Mairie qui a apporté son soutien aux associations, ils nous ont proposé des locaux pour le stockage, etc. On est aussi en contact avec le Croissant Rouge, qui nous ont expliqué qu’ils ont besoin de matériel de traumatologie plutôt que de médicament en priorité. » La collecte s’organise principalement à travers un réseau d’association. « On a un réseau qui va jusqu’à Paris, souligne Baya. Il n’y a pas d’histoire de quartier ou de nationalité. Tout se fait par réseaux. Pour vous dire, il n’y a qu’une poignée de personnes du quartier qui se sont mobilisées et principalement des usagers de Karavan et AIFOMEJ ». L’association pour l’insertion des femmes originaires du Maghreb et des jeunes (AIFOMEJ) fait partie des associations avec lesquelles Karavan coopère pour la collecte.
Soudain le téléphone sonne, l’interrompant. La réalité la rattrape, il est temps de se remettre au travail. Dans la rue, des riverains attendent à l’arrêt de bus derrière le local. Safia, mère de famille, va retrouver des amis. Si elle dit connaître l’association Karavan, elle n’a pas participé à la collecte: « J’ai aussi de la famille à Marrakech, C’est vraiment bien ce qu’ils font, mais j’ai préféré envoyer directement à ma famille et mes amis sur place ». Témoignant ainsi de la solidarité des toulousain·es qui, à travers les associations ou par initiatives individuelles, s’organisent pour soutenir les sinistrés marocains.