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S’accepter et se faire accepter

by La rédac Chouf Tolosa

Chouf Tolosa publie une série d’articles écrits par des élèves de seconde du lycée Rive Gauche autour du film kenyan « Rafiki ». Ces articles sont parus dans Le Chromatique, journal-école paru au printemps 2022, dont nous avons accompagné la réalisation.

Aujourd’hui, autour de ce film qui traite de l’homosexualité à travers l’histoire de deux adolescentes, Kena et Ziki, et la réaction de leur entourage, Rayan Ben Hamid, Nasry Moussa et Guillaume Treinsoutrot s’interrogent sur l’acceptation de soi et ses limites, en reliant cette question à d’autres thèmes, comme le racisme ou encore le harcèlement. (3/4)

S’accepter et se faire accepter quand on est lesbienne au Kenya : ce que montre le film 

Kena et Ziki veulent continuer leur histoire d’amour malgré les réactions de leur entourage et la pression sociale. Tout au long du film, « Rafiki » montre que dans cette société kenyane, une barrière est mise entre Kena et Ziki. Au début, la société les oblige à ne pas même être amies à cause des différences politiques entre leurs pères. Ensuite, la naissance de leur histoire d’amour accentue le fait qu’elles ne peuvent ni s’accepter ni se faire accepter au regard des autres. Un amour interdit, rejeté par la loi et exclu par la société et les croyances.

Un dessin réalisé par des élèves de la classe de seconde 2 (2021-22)
du lycée Rive Gauche de Toulouse.

Cet amour interdit est pour nous représenté par la scène de l’église où Ziki essaye de prendre la main de Kena. Kena, surprise, refuse de tenir la main de Ziki en public car leur famille et les hommes d’église sont présents. Cette scène décrit bien ce qu’on a ressenti en général : Ziki essaye de s’affirmer dans son homosexualité mais Kena la rejette par peur des sanctions sociales. 

Aussi, les seuls moments où les deux adolescentes peuvent être vraies et assumer qui elles sont sans avoir peur du rejet social, c’est quand elles sont protégées du groupe par la caravane qui représente une sorte de barrière contre la société. La caravane est leur sanctuaire et la seule fois où quelqu’un d’autre est entré, c’est pour les ramener à la réalité en les dénonçant, ce qui laisse place à la tristement marquante scène du lynchage. Heureusement, toutes les quêtes d’affirmation de soi ne se terminent pas comme ça.

Mon engagement, comme pour tant d’autres gens ordinaire devenus légendaires, consiste à faire savoir aux autres qu’ils ne sont pas seuls”, a dit Angela Davis. Elle et Rosa Parks, deux militantes des années 60 et 70 (et jusqu’à ce jour pour Angela Davis), sont des exemples d’une bataille d’affirmation de soi remportée. Leur combat pour les droits civiques et l’égalité des droits ont fait avancer la cause des citoyens afro-américains. 

Le rejet de la différence par le groupe 

Pour ce qui est de notre réalité en France, plusieurs sujets de société nous ont interrogés après avoir vu le film. Par exemple, les thèmes du harcèlement ou de l’islamophobie.

On constate ainsi, chez certaines femmes musulmanes, l’affirmation de soi en portant le voile, malgré des réactions malveillantes, des jugements et des discriminations. Certaines assument leur croyance avec le port du voile ; cette situation crée des divisions et des tensions dans la société. Pourtant, ce qui permet à ces femmes de vivre sans avoir à craindre le groupe, c’est qu’elles ne sont pas seules. Des citoyens les défendent et les soutiennent dans cette quête de l’acceptation par le groupe. 

On peut aussi voir qu’il n’y a pas toujours des gens pour vous soutenir face au groupe, par exemple dans des situations de harcèlement, quand une personne qui est différente des autres se fait rejeter ou humilier. Le harcèlement peut avoir des répercussions très graves quand il est dirigé vers une personne qui ne s’assume pas ou qui ne s’affirme pas. 

En conclusion, c’est paradoxalement parce que le groupe existe  qu’on se détache de celui-ci. La force du groupe, c’est de pouvoir se réunir tous ensemble pour changer les choses et se faire accepter en affirmant ce que l’on est. Malheureusement, dans le film, Kena et Ziki ne sont pas soutenues par le collectif et n’ont pas la chance de pouvoir être acceptées comme elles sont. Elles devront donc attendre leur tour en silence… Mais quand la révolte et le désir de s’affirmer gagnera le coeur des homosexuels kenyans, un jour peut-être, une relation comme celle-ci pourra exister, et les couples pourront s’accepter et être acceptés. 

Rayan Ben Hamid, Nasry Moussa et Guillaume Treinsoutrot

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