Home L'actu Dans la Ville Rose, les bourgeons du printemps sont ceux de la mobilisation

Dans la Ville Rose, les bourgeons du printemps sont ceux de la mobilisation

by Khadija
Godefroid, Jaouad et Dine, tous les trois ont trouvé la mort alors qu’ils se trouvaient dans les mains de la police ou de l’administration pénitentiaire (© Khadija)

Samedi 20 mars, des rassemblements pour lutter contre les violences d’État étaient organisés partout en France. Chouf Tolosa s’est rendu sur celui qui s’est tenu à Toulouse.   

Pour le retour du printemps, samedi 20 mars, plusieurs manifestations se sont déroulées à Toulouse. Ça et là, on pouvait lire les banderoles des différentes luttes: le long des allées Jean Jaurès, « Nous sommes les masques blancs », un collectif qui questionne les mesures sanitaires imposées par le gouvernement, plutôt axé anti-masques; devant l’ancien UGC, une mobilisation appelant l’État français à retirer ses troupes du Sahel et d’Afrique; autre lieu, autre ambiance, devant la gare Matabiau où une assemblée s’était regroupée en musique autour de personnes de la communauté Kurde qui avaient installé des enceintes crachant joyeusement des musiques résonnant dans tout le quartier. Dénonçant les violences perpétrées sur le peuple Kurde par le gouvernement turc, cet évènement a profité du répit que lui ont laissé les forces de police, certainement trop occupées par les autres actions qui se déroulaient ailleurs dans la ville…

Il s’agit bien sûr d’une liste non exhaustive des mobilisations toulousaines du week-end dernier. Pour notre part, à Chouf Tolosa, nous nous sommes rendus au rassemblement contre les violences d’État à l’appel du Réseau d’entraide Vérité et Justice, rassemblant des collectifs de familles de tué.e.s, blessé.e.s et mutilé.e.s par les violences et les crimes des forces de l’ordre et des agents pénitentiaires. Une manifestation interdite deux jours avant par un arrêté préfectoral prétextant le contexte d’état d’urgence sanitaire sur l’ensemble du territoire national.

Pas de manifestation donc, mais en ce premier jour de printemps, le chant de la contestation a quand même fleuri dans la Ville Rose où le rassemblement s’est maintenu au niveau de la sortie du métro Capitole. Organisé par Le Comité Vérité et Justice 31 et rejoint par d’autres associations ( Le Collectif Palestine Vaincra, l’Association Grisélidis, Jeko Toulouse, La Case de Santé, Toulouse Anti CRA, et Révolte Décoloniale ), ce regroupement avait pour but de dénoncer les violences policières, carcérales, judiciaires, pénitentiaires souvent islamophobes, racistes, sexistes et LGBTQIphobes. Cela dans le cadre des journées internationales contre les violences policières (15 mars), et pour l’élimination des discriminations raciales (21 mars). 

Environ une centaine de personnes ont rallié ce rassemblement interdit par la Préfecture (©Khadija)

À Toulouse, des slogans ont donc résonné dans la rue Alsace Lorraine. « Pas de justice : pas de paix ! ». Un appel des militants à faire la lumière sur des affaires de violences d’État souvent impunies a été lu. Et plusieurs intervenant.es se sont succédé à une tribune improvisée pour faire entendre différentes revendications à la centaine de personnes présentes. Parmi ces revendications: l’appel à ne pas oublier les victimes ; la dénonciation des actions et pratiques violentes perpétrées par la police et les agents pénitenciers ; l’arrêt de l’impunité accordée aux policiers, avec une demande de suspension des agents mis en cause et la création d’un organe réellement indépendant qui aurait pour mission d’enquêter sur les plaintes déposées à l’encontre des agents de police et de l’administration pénitentiaire.

Sur l’une des banderoles, on pouvait voir inscrit trois noms, ceux de trois personnes dont les circonstances de morts restent très troubles : Good, le surnom d’un Toulousain (Godefroid Djinekou) de 47 ans, mort le 22 septembre 2016 après une intervention de police à Béziers ; Jaouad, mort en avril 2018 au mitard de la maison d’arrêt de Seysses; et enfin Dine, mort il y a un an dans un commissariat d’Albi alors qu’il avait été placé en cellule de dégrisement. Les personnes présentes ont pu aussi entendre le témoignage enregistré du frère de Jaouad, Rachid, s’inquiétant du fait que le dossier de son frère a été classé après une enquête concluant à un suicide, alors que de nombreuses zones d’ombre demeurent sur les conditions rélles de sa mort.

Surveillée de près par les forces de l’ordre, les personnes présentes s’étaient ensuite donné rendez-vous à La Case Santé, place Arnaud Bernard, pour discuter et continuer de recueillir et d‘échanger des témoignages autour de ces violences. Après s’être mises en mouvement pour s’y rendre en remontant la rue Alsace Lorraine, beaucoup ont été prises dans une nasse policière à hauteur du Primark et ont été sommées de se disperser. Seules quelques unes ont pu se rendre place Arnaud Bernard. Mais là encore, les forces de l’ordre, en uniforme et en civil étaient présentes aux aguets afin d’empêcher tout rassemblement. Sous cette pression policière, la réunion prévue dans la grande salle de la Case Santé a finalement dû être annulée.

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