L’année 2020 aura donné lieu à une rentrée scolaire et universitaire un peu particulière. Humeur.
« La rentrée s’est faite dans la joie. » Ce sont les propos tenus par le ministre de l’éducation nationale, de la Jeunesse et des sports le 8 septembre lors d’une audition devant l’Assemblée nationale. La joie sûrement pour les élèves de se retrouver après des mois d’absence mais c’est bien tout… Quinze jours plus tard, le 21 septembre au micro de RTL, Jean-Michel Blanquer a aussi parlé d’une « tenue républicaine » sans plus de précisions, suite à un incident qui a mis au cœur des débats (une fois encore) la tenue des filles. En effet, un mouvement s’est créé le 14 septembre contre l’interdiction de certaines tenues jugées indécentes par les règlements intérieurs des établissements scolaires. On se souvient que ces dernières années, on a eu la même chose pour des jupes jugées trop longues qui, pour le coup, étaient, elles, jugées trop islamistes…
Sur les réseaux sociaux , les internautes se sont amusés de la rhétorique du ministre en se demandant si les élèves devaient venir le sein dénudé comme Marianne, allégorie de la République. Ce mouvement dont l’objectif est de protester contre l’interdiction de shorts, jupes et tee- shirts courts, jeans déchirés ou encore hauts décolletés fait suite aussi aux hashtags contre les violences sexuelles au sein des établissements scolaires (« balance ton bahut » ou « balance ton prof »), la façon de s’habiller ne justifiant pas le droit à l’agression sexuelle – il est bon de le rappeler.
La réaction de Blanquer a même mis mal à l’aise Emmanuel Macron qui, interrogé par un collégien à Condom dans le Gers, le 18 septembre, sur les règlements qui régissent décolletés et mini jupes a répondu : « Aie aie aie, vous voulez m’emmener sur tous les sujets… Je n’ai pas envie de me mêler de ce sujet au-delà, on ne va pas créer des polémiques toutes les semaines ».
Une chose est sûre, c’est que le masque fait partie de la tenue républicaine cette année : il est exigé pour les élèves à partir de 11 ans, donc tous les collégiens. Leur retour d’expérience: c’est dur de supporter ce masque souvent huit heures par jour sans oublier dans les transports en commun et l’espace public où il est devenu obligatoire… Mais la République se vit aussi à visage couvert depuis le Covid.
Dans cette situation, certains parents demandent à leurs enfants de trouver un temps dans la journée pour respirer un peu sans masque, en s’isolant… Mais des surveillants zélés ou des professeurs intransigeants sont impitoyables avec les élèves, donc colles et exclusions de cours sont au programme pour les réfractaires… Le confinement, par sa brutalité, a déjà malmené les élèves. Mais peu importe, beaucoup veulent à tout prix que le règlement soit scrupuleusement respecté.
C’était aussi la reprise à l’université, comme celle de Capitole 1. Cela a d’abord repris en « présentiel » pour vite repasser en « distanciel » : 15 jours après la rentrée, 70 cas de covid ont en effet été recensés. Par prudence, les amphi ont été fermés et un « distanciel » s’est mis en place de façon un peu cacophonique, avec des limitations de participants pour certains cours et des problèmes de connexion, entre autres.
Beaucoup d’ étudiants sont aujourd’hui mitigés puisque les TD auraient pu être assurés en « présentiel », les gestes barrière étant plus faciles à respecter vu le nombre réduit par rapport aux amphithéâtres. Mais cette situation durera au moins jusqu’au 2 novembre et tout dépendra de l’évolution de la pandémie. Selon les dernières indications, le « distanciel » pourrait persister, un peu comme le télé-travail.
Masquée, en tenue courte ou longue mais bien sûr “républicaine”, et en alternant présence et distance, la rentrée a donc été exceptionnelle pour tout le monde. En attendant, et en espérant, une amélioration de la situation dans les mois à venir…