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Shamaly remet le couvert à Ramonville

by Mehdi D.

Le jeune rappeur palestinien sera en concert vendredi 12 septembre à Ramonville. Deuxième occasion de venir écouter cet artiste qui rappe aussi pour toutes celles et ceux qui sont dans la bande de Gaza où il est né et a commencé à chanter.

Le rappeur palestinien Shamaly (photo issue du site Yung)

Invité pour une résidence artistique, via le programme international Sawa Sawa, le rappeur palestinien Shamaly, se produira ce vendredi 12 septembre à l’occasion du 38e festival de rue de Ramonville-St Agne. Jeune et talentueux, l’artiste, Ahmed Al-Shamali de son véritable nom, né en 2001 à Gaza, propose un hip hop rythmé par des sonorités orientales. Arrivé en France en 2024, Shamaly apporte un peu de lumière, alors que son peuple subit un génocide – selon le terme employé par Amnesty International, Human Rights Watch, B’Tselem, Physicians for Human Rights ou encore l’Association internationale des chercheurs sur le génocide, pour qualifier ce qui se passe à Gaza depuis deux ans.

La présence de Shamaly lors de la récente édition de Convivencia en début d’été, n’avait pas laissé le public insensible. Avec ses tripes et son cœur, l’artiste s’était livré à un concert énergique en compagnie du beatmaker de chez KKC Orchestra, Aurélien Calvo. Il revient en ce mois de septembre, pour parachever le programme d’échange initié par Convivencia et par l’institut français de Jérusalem et porté par l’association Arto, en partenariat avec la mairie de Ramonville-St Agne.  

Un destin chamboulé par les bombes

Très actif sur les réseaux sociaux, Shamaly reste constamment connecté avec la ville qui l’a vu grandir. Il y a encore quelques années, lui et ses amis enregistraient à Gaza, dans son studio, un peu comme tous les concepteurs de musique du monde entier, ou presque. L’occupation de l’armée israélienne fait partie du décor depuis sa plus tendre enfance. Mais depuis deux ans, Israël a semé un chaos sans limite dans le territoire où il est devenu impossible de mener un semblant de vie normale: « Je n’ai même plus accès à mon appartement car tout a été détruit, témoigne-t-il auprès de Chouf Tolosa. Ce n’était pas comme ça il y a quelques années, même si l’ambiance de guerre n’est jamais retombée à Gaza (…) J’ai grandi dans une famille tranquille, dans un contexte paisible. Plus jeune, je jouais au jeu vidéo, tout en faisant de la musique avec mes amis. Plus tard et encore aujourd’hui, j’ai pris la décision de faire en sorte d’introduire le rap dans la culture palestinienne. Ce n’est pas un courant musical à la mode là-bas. Maintenant, il existe le label Manjam qui sert à développer et à promouvoir le hip hop qui vient de Gaza, à l’image de Zuhod, de MC Abdul notamment… »

Le hip hop, vecteur commun

L’atelier de radio Convivencia avec Shamaly, Aurélien, Ulysse et les deux Karim  (photo : Laura Devismes)

C’est dans le cadre de radio Convivencia, un atelier radiophonique diffusé pendant le festival et animé chaque année par la journaliste Marie Lebas que j’ai eu l’opportunité de rencontrer Shamaly, le 1er juillet dernier. Il venait tout juste de répondre à des questions en direct, face à des jeunes membres de l’association Aquoiboniste, dans le cadre d’un projet d’insertion culturelle.

Les trois reporters en herbe, Ulysse, Karim et Karim, ont procédé à une interview du rappeur palestinien, organisée de manière très professionnelle, avec des propos traduits en direct par l’un d’entre eux. Bien qu’il soit en mesure de traduire certains propos en anglais, Shamaly a apprécié qu’on puisse communiquer avec lui en arabe. Et il s’est confié sur toutes les raisons qui l’ont poussé à franchir les frontières, vers un avenir plus radieux, en attendant que les choses changent : « Cela pourrait difficilement être pire ! », estime-t-il, considérant que le futur de la Palestine est aujourd’hui très incertain.

L’échange s’est conclu en musique, Ulysse et Karim ayant préparé deux textes percutants, laissant présager une possible future carrière musicale. Ils ont chanté devant des pros et les ont bluffés : littéralement sous le charme, comme son acolyte Aurélien Calvo, Shamaly les a encouragés à insister sur cette voie. Le rappeur gazaoui n’a pas oublié que lui aussi avait dû convaincre ses parents que la musique serait son futur métier…

Un métier auquel la situation de son pays et les crimes subis par son peuple donnent aujourd’hui une autre dimension. Si Shamaly voyage désormais, il demeure très préoccupé par le destin des siens, ceux qui sont restés ou d’autres qui n’ont pas eu la chance de pouvoir partir : « C’est pour eux que je m’exprime, résume-t-il. Mon rôle de musicien me sert aussi à véhiculer un message de paix. Nous sommes des êtres humains comme tout le monde, nous souhaitons vivre en toute tranquillité. Mais actuellement nous ne faisons que subir et compter ceux qui sont partis. Ce n’est pas normal !»

Shamaly en concert le vendredi 12 septembre à 21h

Concert gratuit, sans réservation

Place Jean Jaurès- 31250 Ramonville St-Agne

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