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“Dima Maghreb !” : le parcours du Maroc a été célébré dans les rues de Toulouse

by La rédac Chouf Tolosa

Éliminés de la coupe du monde de football après leur défaite mercredi soir en demi-finale contre la France, les Lions de l’Atlas sortent la tête haute de la compétition. En battant des nations majeures telles que la Belgique, l’Espagne et le Portugal, le Maroc a été le premier pays africain à parvenir à ce niveau de la compétition, suscitant un enthousiasme populaire bien au-delà des frontières du Royaume. A Toulouse aussi, les supporters ont sortis maillots, drapeaux et feux d’artifices pour fêter chaque étape du parcours des Rouge et vert, au rythme des klaxons, derboukas et chants populaires. Chouf Tolosa a saisi quelques morceaux de célébrations. Retour sur deux semaines de folie.

Samedi 10 décembre, allées Jean Jaurès, célébration de la victoire (1-0) contre le Portugal en quart de finale (© ER)

Le Maroc jouera samedi contre la Croatie, à Doha au Qatar, pour essayer de finir à la troisième place de la Coupe du Monde 2022. Mais quel que soit le résultat de ce match, l’équipe emmenée par l’entraîneur Walid Regragui a d’ores et déjà marqué l’histoire du football international. Et ce même si ce mondial 2022 restera celui d’un triple scandale écologique (aberration des stades climatisés), humain et social (des milliers d’ouvriers asiatiques morts après avoir été exploités pour la construction des stades et des infrastructures) et démocratique (un budget faramineux et des faits de corruption avérés).

Mais la compétition a eu lieu et au plan sportif, les co-équipiers de Romain Saïss resteront à jamais la première équipe africaine à avoir atteint une demi-finale de Coupe du Monde. Et ce au terme d’un parcours où ils ont dû affronter des adversaires solides: d’abord un nul contre la Croatie, finaliste en 2018, suivie de 4 victoire successives contre la Belgique, le Canada, l’Espagne et le Portugal.

En 1986, les Lions de l’Atlas avaient déjà été le premier pays africain à sortir des poules pour se hisser en huitième de finale.

https://youtube.com/watch?v=oTS8oCEdIHE

Aucun des joueurs parvenus en demi-finale mercredi n’était né il y a 36 ans. Le monde a changé, le temps a passé et l’équipe marocaine qui a amélioré l’exploit de ses aînés est aujourd’hui composée de joueurs dont beaucoup sont – comme leur entraîneur Walid Regragui qui a joué une quarantaine de matches sous les couleurs du TFC en 1999-2001 – des binationaux, marocains nés en France, en Espagne, en Italie, aux Pays-Bas ou en Belgique. La veille de la demi-finale, le média AJ+ a rappelé cette diversité dans une vidéo où la journaliste Yasmina Bennani mettait aussi l’accent sur une dimension hautement symbolique du parcours des Lions de l’Atlas: leurs victoires contre trois anciennes puissances coloniales, la Belgique, l’Espagne et le Portugal, dont les deux dernières ont été présentes au Maroc.

Le rond point d’Arnaud Bernard déjà bien mouvementé quelques minutes après la fin de la rencontre des quarts de finale (© Nabil)

Porteuse de toute cette charge symbolique, “l’équipe marocaine a conquis le cœur de millions de personnes” écrit Hisham Aidi dans un long article sur le site Orient XXI. Dont celui des supporters sensibles à la cause palestinienne. Tout au long de la compétition, le drapeau palestinien a souvent été aperçu dans les tribunes et a même été porté au coeur des stades pour les photos victorieuses d’après-match, par les joueurs marocains eux mêmes. Un véritable “moment palestinien” comme l’écrit le journaliste Akram Belkaïd dans Orient XXI. Nul ne sait si le Makhzen, le pouvoir marocain, signataire en décembre 2020 d’un accord très décrié avec Israël, a apprécié…

La foule déjà mobilisée à Jean Jaurès lors du passage en quarts (© Nabil)

En France, le Bondy blog, sous la plume de Ramdan Bezine, s’est intéressé au “conflit de loyauté interne ou imposé “ pour les français·es issu·es de l’immigration marocaine face à la demi-finale opposant leur deux pays. Une rencontre que, comme partout en France, les toulousain·es ont suivi de très près. Mercredi soir, après la victoire française, la fête a continué dans les rues de la ville, mêlant les supporters des deux équipes – voir cet article de Hocine Zaoui dans La Dépêche. Sur les allées Jean-Jaurès, à Arnaud Bernard, au Mirail, dans la plupart des quartiers de la ville, l’enchaînement des succès des Lions de l’Atlas a suscité un engouement toujours très bon enfant et nombre de franco-marocain·es qui ont supporté le Maroc jusqu’au bout s’apprêtent désormais à encourager la France dimanche contre l’Argentine. L’issue du match a inspiré l’humoriste Hakim Jemili qui voit dans Griezmann un “conseiller d’orientation”.

Bref, contrairement à ce qu’espérait la phalange d’éditocrates aigres et racistes sévissant sur les plateaux télé des quelques chaînes qui les accueillent à bras ouverts, ce ne sont pas les supporters marocains, binationaux ou pas, qui ont créé des tensions samedi soir dans le pays. Mais bien des nervis d’extrême-droite qui, à Montpellier, Lyon, Nice et à Paris notamment sont descendus dans la rue pour frapper et semer le chaos (des articles à lire ici, ou )

En vérité, une équipe comme ça, avec un parcours comme ça, lestée de toute cette charge symbolique que l’on aurait appelé il y a 30 ou 40 ans “tiers-mondiste” – au sens politique de l’expression, la revanche du Sud, en quelque sorte – ne pouvait que mettre les fachos en PLS.

Chant populaire “Mabrouk alina” adopté par les supporters marocains (© Nabil)

Et ils devront boire la coupe jusque la lie: l’équipe de France qui a battu le Maroc mercredi et qui va tenter dimanche de conserver son titre de championne du monde compte dans ses rangs un très grand nombre de joueurs directement liés par leur histoire et leur origine familiale à des pays d’Afrique ou d’autres régions du monde (tous n’ont pas la binationalité): des franco-congolais (Mandanda, Kolo Muani, Disasi), franco-angolais (Camavinga) franco-béninois (Koundé), franco-algéro-camerounais (Mbappé), franco-espagnol (Hernandez), antillais (Varane, Thuram, Coman), franco-camerounais (Tchouaméni, Saliba), franco-malien (Konaté), franco-malien-sénégalo-mauritanien (Dembélé), franco-ivoirien (Fofana) franco-marocain (Guendouzi), franco-bisau-guinéen (Upamecano), franco-philippin (Aréola). Sans compter ses grands absents, le franco-algérien Benzema, le franco-guinéen Pogba et le franco-malien Kanté.

Un vrai cauchemar identitaire.

Allez cette France-là et vive le peuple marocain!

Un supporter marocain avec le drapeau en cape après la victoire en quarts, sur Jean Jaurès (© Assia).

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