De la venue de deux militants du comité Adama à la création d’un nouveau collectif de sans-papier, l’agenda des militant.es toulousain.es des quartiers et de l’immigration a été bien rempli ces dernières semaines.
Suite aux mobilisations contre les violences policières et le racisme d État au mois de juin (voir nos précédents articles ici et là), le comité Vérité & Justice 31 a invité le comité Adama Traoré à participer à deux journées d’échanges les 10 et 11 juillet dans les quartiers des Izards et de la Reynerie.
Deux membres du comité s’étaient déplacés à Toulouse : Samir Elyes, militant « historique » du Mouvement de l’immigration et des banlieurs (MIB), un collectif très actif dans les années 90-2000, et Almamy Kanouté, aujourd’hui acteur (après sa prestation remarquée dans le rôle de Salah, dans le film « Les misérables », de Ladj Ly, 4 césars et nommé à l’Oscar du meilleur film étranger, voir notre article lors de la sortie du film), mais surtout militant dans les quartiers populaires de la banlieue parisienne.
Vendredi 10, en fin d’après-midi à la sortie de métro 3 cocus, aux Izards, ils ont pu échanger avec des habitant.es et des acteurs et actrices sociaux du quartier, en particulier les femmes de Izards attitude. Cette association au plus près des habitant.es qui organise entre autre le soutien scolaire qui faisait défaut dans le quartier depuis des années (relire notre article « Du Petit Bard aux Izards, des parents mobilisés pour la réussite de leurs enfants »). Une approche originale de l’aide aux devoirs où sont directement impliqués le parent, l’enfant et l’intervenant.
Autre actrice de ces rencontres, la Case de santé, à Arnaud Bernard, ou un autre échange s’est tenu, de manière plus informelle samedi midi. Pour l’occasion, la Case avait relooké sa façade en soutien aux victimes de violences policières. Un moment riche en partages pour se donner mutuellement de la force pour que les quartiers soient perçus comme ce qu’ils sont vraiment : des lieux où veulent vivre les gens sans être qualifiés de « territoires perdus de la République », par ceux-là même qui ne font pas grand chose pour les « reconquérir ». Le 11 juillet , c’est à la Reynerie avec des jeunes du quartier que la rencontre s’est déroulée. De nombreux jeunes ont pu poser leurs questions à Almamy Kanouté, et le cinéma a occupé une bonne partie des débats.
Autant d’échanges qui, en deux jours, ont permis d’aborder divers sujets qui touchent les quartiers populaires : la scolarité, les discriminations, la volonté de s’entraider et de ne pas sombrer dans le fatalisme. Et qui, une fois encore, ont donné à voir et à entendre la volonté des habitant.es de ces quartiers d’obtenir, à défaut de l’égalité, le respect de leurs droits, elles et eux qui sont souvent présentés comme des racailles inutiles et parasites par les médias dominants.
Un « statut » faisant écho à celui des sans-papiers dont, localement, un collectif s’est créé récemment : le Collectif des sans papiers Toulouse 31. Le 20 juin, le rassemblement prévu avait été annulé, suite au désistement de quelques associations après l’interdiction de tout rassemblement par la Préfecture. Ce qui n’avait pas empêché les concerné.es de se retrouver à l’abri des regards policiers pour commencer à débattre autour de la naissance de ce nouveau collectif. L’idée est de soutenir ces personnes, les premières exposées et exploitées dans les pires conditions dans des secteurs d’activité indispensables lors de la crise sanitaire. Ces personnes souvent déshumanisées, qui ont aussi perdu leur emploi, n’ayant pas droit au chômage partiel, retenus dans les centres de rétention administrative, ou hébergées dans des logements précaires et souvent insalubres.
C’est dans cette optique que le collectif été convenu, le 7 juillet dernier, de la tenue d’un rassemblement qui démarrera ce mercredi 15 juillet à 18h au square Charles de Gaulle.