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Du Petit Bard aux Izards, des parents mobilisés pour la réussite de leurs enfants

by Maïssara

Le 28 septembre, le Collectif des Parents[i] du Petit Bard de Montpellier est monté à Toulouse pour débattre et échanger sur l’état de l’éducation dans les quartiers populaires. Lors d’une rencontre avec l’association Izards attitude, tou.te.s les habitant.e.s des quartiers ont été invités à participer aux 3ème États Généraux de l’Éducation dans les Quartiers Populaires qui se tiendront à Stains (Seine Saint-Denis) les 29 et 30 novembre 2019.

Le 28 septembre dans le quartier des Izards, parents toulousain.es et montpellierain.es ont débattu de la question de l’éducation dans les quartiers populaires (© Chouf Tolosa)

Des lettres à répétition restées sans réponse. Tout a commencé en 2015 : suite à une modification de la carte scolaire à Montpellier, les enfants du quartier du Petit Bard doivent tou.te.s aller dans un collège où la mixité est presque inexistante. Pour les parents du quartier, c’est l’acte de trop, les pouvoirs publics les isolent de plus en plus, mais cette tentative de ségrégation scolaire est inacceptable, ils décident cette fois-ci de ne pas se taire et se mobilisent contre cette décision. Alors que la fermeture de quatre écoles doit durer trois jours, le blocage s’étendra sur dix-sept jours avec in fine le gel de la carte scolaire.

Un blocage institutionnel

Samedi 28 septembre, aux Izards, les parents du Petit Bard sont revenu.e.s sur leur parcours. Pas simple, il leur a permis d’être confronté.e.s à l’inertie des institutions qui entrave la réussite scolaire d’une partie de nos enfants. Un constat qui renforce leur motivation pour lutter contre les discriminations scolaires et la dégradation de l’éducation dans les quartiers populaires. « On ne demande pas des privilèges, on veut juste qu’il y ait une égalité des traitements et que nos enfants aient la même égalité des chances de réussir » me confie  confie Anissa, parent du collectif depuis le début.

L’obtention du gel de la carte scolaire en 2015, n’a pas pour autant affaibli la mobilisation.  Deux ans plus tard,en 2017, le Collectif organise les premiers Etats Généraux de l’Éducation dans les Quartiers Populaires à Montpellier. Ils ont permis d’établir des carnets de route avec des préconisations et des solutions présentés au Ministère de l’Éducation Nationale, dont une réponse concrète est toujours attendue.

Conscient.e.s que la réaction ne viendra pas des pouvoirs publics, l’idée de ces États Généraux est de réunir collectifs d’habitant.e.s, citoyen.ne.s, expert.e.s, chercheu.r.se.s…, afin d’échanger, sur un même pied d’égalité, sur les problématiques liées à cette question. Pour trouver des solutions, s’organiser ensemble et agir dans l’immédiat. La deuxième édition s’est tenue à Créteil (Val de Marne) en 2018 et les troisièmes Etats Généraux de l’Éducation dans les Quartiers Populaires se dérouleront les 29 et 30 novembre prochains à Stains (Seine Saint-Denis). Tant qu’il n’y aura pas d’évolution significative de la situation, ce rendez-vous annuel aura lieu dans différentes villes et quartiers de France pour démontrer que la problématique est nationale et non spécifique à un endroit.

« On souhaite que les institutions prennent en compte nos revendications et qu’on puisse travailler ensemble, parce que pour l’instant, même si on a des réunions avec eux, on les voit mais on se rend compte qu’après tout ce qu’on dit, très peu de choses sont faites et réellement prises en compte. On veut vraiment qu’il y ait un réel travail avec les institutions: quand on verra qu’il y a une vraie relation de confiance avec elles, que lorsque on propose quelque chose ou qu’on pose le doigt sur une problématique, ça agit derrière, je pense que là, on pourra dire qu’on a gagné quelque chose » ajoute Anissa.

Après quatre années de mobilisation, durant lesquelles elles se sont formées auprès d’expert.e.s dans le domaine de l’éducation, les femmes du Petit Bard sont désormais incollables sur leur sujet. Aujourd’hui, l’expertise, l’expérience et les solutions sont présentes mais tant qu’il n’y aura pas un véritable rapport de force avec le politique, rien ne se fera.

Échanger pour s’enrichir

Les parents du Petit Bard de Montpellier sillonnent la région Occitanie pour lancer leur appel, l’occasion de s’enrichir des expériences d’autres habitant.e.s de la région. Si des similitudes sont présentes, à Toulouse, la situation est autre. Dans le quartier Lafourguette, des efforts ont été faits pour une instruction de qualité et plus de mixité, suite à des mobilisations de parents d’élèves. Dans le quartier des Izards, l’absence de soutien scolaire traduit en revanche un réel abandon de la part des pouvoirs publics.

« On a des problématiques différentes: elles, elles se battent à Montpellier, nous, à Toulouse, il y a quand même des choses qui sont faites sur la mixité scolaire, et ça va beaucoup plus loin. Mais il faut toujours se mobiliser, il faut toujours se battre, quelle que soit la problématique, on a pas le choix, il faut se battre et si on baisse les bras, c’est foutu pour nous et c’est foutu pour nos gosses », explique Yamina de l’association de quartier Izards Attitude, confirmant la détermination de ces parents.

Les échanges tenus lors de cette journée de rencontre ont permis d’apporter des stratégies d’action sur des sujets spécifiques (le soutien scolaire, la prise en charge des élèves en difficulté, la mise en place d’espaces pour les parents au sein des écoles, etc…). Encourager l’action collective est une nécessité pour débloquer la situation à l’échelle nationale et pour se donner de la force.


[i] Même si les mamans sont plus visibles et médiatisées, elles souhaitent garder l’appellation « parents » car c’est bien grâce à des parents, femmes comme hommes que le Collectif progresse dans sa lutte.

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