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Brèves de confinement (#3)

by Bens

Depuis le début du confinement, Ben’s, une membre de Chouf Tolosa, raconte l’histoire de Hamza, un jeune impliqué dans le trafic de drogue à la cité, en période de coronavirus. Cette série intitulée « Le four ne meurt jamais », est à suivre sur le site de l’auteure. Mais Chouf Tolosa en publiera quelques épisodes dans ses brèves de confinement. On commence par le début : le four ne meurt jamais, épisode 1.

© Bens

La nouvelle est arrivée un peu plus tard qu’ailleurs au poste ce soir là. Les mecs du coin, c’était pas le genre à être posés devant le 20h de TF1, et ce 365 jours par an.

Ces mecs du coin là, avaient pas le temps pour ça. Eux, ils tenaient les terrains, et souvent pour ça n’avaient pas d’horaires.

Durant cette période un peu particulière, l’équipe de Chouf Tolosa vous propose une nouvelle série, ces « brèves de confinement », notre façon de raconter cette séquence de l’intérieur. Bonne lecture et n’hésitez pas à nous envoyer vos propres récits ( contact@chouftolosa.info ).

Il était de ceux là, Hamza. Et la dernière fois où il avait prévu un truc à faire après avoir bossé, il avait goûté aux tartes de Kamel, le gérant ; qui pensait qu’il pouvait bien rester encore quelques heures avec les coups qu’il venait de lui mettre dans la mâchoire.

Depuis Hamza reste là ; et parfois posé en bas sur sa chaise, il repense à ce moment, et à tout ce qu’il a changé en lui.

Et puis il se fait sortir de ses rêves par un autre qui passe par là, et Hamza crache à terre, avant de hocher la tête pour le saluer. Kamel, il est mort depuis un petit moment maintenant. Et les gars d’ici affichaient presque chérir les hagras qu’il leur avait mise, comme de précieux moments, où faussement ils croyaient être devenus des hommes.

Déjà depuis quelques jours, Hamza avait capté que quelque chose n’allait pas. Un matin, il avait croisé Souria et Lina les sœurettes du 5ème, chargées de sucre, de lait et de farine pour tenir pendant 5 guerres. Il les avait aidé à monter les courses, mais avait pas posé de questions. On tape pas la discute avec les femmes mariées, et encore moins les sœurs des plus grands de la Cité. Il s’était dit que cette bonne œuvre lui ramènerait peut-être quelques bons trucs à grailler pendant le ramadan. Elles devaient sûrement s’y préparer. Souria et Lina, elles sont comme ça, si t’as pas, elles, demande même pas, elles ont pour toi.

Au bar, les informations tournaient en boucle. Et le sujet était forcément arrivé sur la table de la terrasse, et on avait discuté vite fait entre collègues :

« – C’est les ricains. C’est un chinois qui l’a dit. Guerre chimique les frères.

– Moi j’ai entendu que t’as vu, Rotschild et compagnie? Toutes les familles de gavés là, tu sais ceux qui dirigent le monde ? Beh hess ce qui se passe, ça y est ils sont trop gavés, on leur sert plus à rien, on est trop. Donc bim, on en bute un peu, on en garde un peu, et voilà. Et comme les chnows ils sont nombreux, on commence par eux. En plus t’as vu, la Chine, grosse puissance, il fallait les faire chuter…

– Oh les gars, dans tous les cas, virus ou pas DZ POWER ma gueule ! »

Tous morts de rires. Et Kamel, marocain du Rif de ré-enchérir :

« – Ah ouais, vous les Algériens, même les virus, ils veulent pas vous attraper. »

Hamza ça l’avait bien fait marrer le coronavirus, mis sur la table du café.

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