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Brèves de confinement (#5)

by Leïla Larabi

En cette période de confinement, j’ai voulu savoir comment se passe la scolarité des enfants dans les quartiers populaires. Quelques témoignages sur l’école des confinés à Bellefontaine. 

C’est d’abord Lynda*, mère habitante du quartier de Bellefontaine, qui m’a répondu au téléphone pour me parler de deux de ses enfants : l’une au collège en 6ème, et un autre en seconde générale. Un peu de difficultés pour la première, vu qu’elle est inscrite dans un collège hors REP + puisque celui de Bellefontaine ne reçoit plus de nouveaux élèves (sa fermeture est prévue prochainement, avec l’ouverture d’un nouveau collège censé permettre une plus grande mixité sociale et un rehaussement du niveau scolaire). Ces difficultés ont poussé Lynda* à contacter une association pour le soutien scolaire montée par le comité Vérité et justice 31. Son autre enfant n’ayant pas de difficultés particulières, il peut faire ses devoirs seul. 

Durant cette période un peu particulière, l’équipe de Chouf Tolosa vous propose une nouvelle série, ces « brèves de confinement », notre façon de raconter cette séquence de l’intérieur. Bonne lecture et n’hésitez pas à nous envoyer vos propres récits ( contact@chouftolosa.info ).

Faiza*, mère de 5 enfants a, quant à elle, répondu par sms : « Pour la scolarité à la maison, je pourrais en parler des heures, je crois, écrit-elle.  C’est compliqué, la mise au travail est toujours compliquée. Difficile de garder des horaires réguliers, d’endormissement, de réveil, etc., quand tu as plusieurs âges à la maison et que les grands tardent le soir. A sept dans un T4, il est difficile de trouver un lieu de travail fixe pour chacun! Ensuite l’équipement informatique ne suit pas. On a deux ordis pour 5 enfants et souvent ils en ont besoin en même temps ! En tant que parent qui a fait un peu d’études, ça va, le niveau jusqu’en troisième ne me pose pas de problème, mais je pense aux autres parents qui doivent galérer parce qu’il faut une sacrée organisation quand les profs de collège te donnent du travail sur différents supports de l’ENT. Par exemple , il y en a qui mettent le travail dans l’espace classe, d’autres dans le cahier de textes et d’autres sur pro note! Donc voilà si tu n’es pas un minimum formé, ben ton gosse fait la moitié du boulot ! »

Enfin, Sonia*, la dernière maman interrogée n’a pas de problèmes concernant les ordinateurs et laisse ses trois enfants prendre le rythme à leur guise. Ce qui signifie qu’ils peuvent travailler le soir, surtout celle qui est au lycée. Elle assiste aux cours en visio proposés par certains professeurs dans la journée. Mais elle a quelques difficultés et l’école à la maison n’est pas une chose qui l’aide et qu’elle apprécie. Celui qui est en 5ème, assidu à la base, fait ses devoirs régulièrement mais supporte mal de ne pas être en contact avec ses professeurs et ses camarades. Enfin, il y a un enfant en grande section de maternelle qui peine à rentrer dans le travail proposé par sa maîtresse (travail récupéré à l’école régulièrement) mais quand il s’y met, cela donne des bons résultats. 

Je pense que ces difficultés sont rencontrées par tous les parents même si il est évident qu’avoir un certain niveau d’études ou la présence à domicile de grands frères étudiants, facilite les choses pour les élèves en difficulté. Et nos appartements pas très grands font que les conditions ne sont pas idéales pour bien étudier. 

Quant aux supports numériques, je sais que le Conseil départemental a remis des tablettes aux collèges de REP +. Mais quid des élèves de quartier qui sont dans d’autres collèges, « délocalisés » du fait de la fermeture des collèges de quartier (Bellefontaine dans notre cas) aux nouveaux élèves

Et puis une pensée pour les enfants qui étudient via le CNED, comme c’est le cas des filles voilées qui ont quitté l’école suite à la loi 2004. 

Les prénoms avec une astérisque ont été modifiés. 

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