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“A vif”, sous plusieurs focales

by Soumeya K. et Edgar Figaro

En mars 2019, le Théâtre Sorano de Toulouse accueillait l’une des dernières représentations de “A vif”, la pièce de Kery James, à l’origine de son film “Banlieusards”. A cette occasion, beaucoup de spectateurs faisaient leur baptême de théâtre. Suite à cela, nous avons recueilli plusieurs témoignages à chaud, dont ceux de 5 rédacteurs.trices de Chouf Tolosa (dont Soumeya K. qui co-signe ce papier), ainsi pu obtenir une courte rencontre avec l’instigateur de ce projet, Alix Mathurin aka Kery James.

Kery James au Sorano en mars dernier (© Soumeya K.)

“À vif”, la pièce de théâtre écrite par Kery James – entre autres – et interprétée par lui-même accompagné de Yannick Landrein s’est jouée près d’une centaine fois entre 2018 et 2019 dans toute la France. Le postulat de départ de cette pièce est de confronter deux apprentis avocats dans une joute verbale sur fond de problèmes sociétaux. La pièce est structurée comme un débat de ping-pong où les deux personnages doivent défendre un point de vue, l’envie de l’auteur étant de donner autant de crédit à l’un qu’à l’autre. L’un des souhaits de Kery James était de varier son auditoire en attirant un nouveau public. Des spectateurs nous donnent leurs ressentis.

Camille : “Les sujets ont été abordé de façon complexe avec une contradiction permanente. Pas de tabou, plusieurs sujets sensibles traités. Il y a un équilibre entre les points de vue. La pièce est bien rythmée.

Mona : “J’ai apprécié retrouver toutes les thématiques qui sont chères à Kery James sous un autre forme d’expression que celle qu’il utilise d’habitude. Le jeu entre un comédien du monde du théâtre et un artiste de la musique donne vraiment quelque chose de très intéressant. Kery James garde une diction qui respire le rap sous une forme théâtrale. Qu’est-ce que c’est beau ! J’ai beaucoup apprécié les décors qui, mettant dans une ambiance très particulière, participent à la force des discours et du message. Quelle force! Ça fait du bien d’entendre à voix haute tant de choses qui nous prennent aux tripes tous les jours, bousculer les pensées, les préjugés, c’est fort, ça émeut, ça fait du bien, c’est comme rendre un peu justice déjà. Dans ces jeux de mots, on démontre magnifiquement bien comment construire, défendre et remettre en question une pensée. Carton plein pour cette pièce qui devrait être vue partout!

Saidou : “Spectacle très intéressant. Bonne présence des comédiens sur scène, avec aussi une bonne mise en scène. K.James a traité le thème  de la banlieue sous différents angles, ce qui permet à plein de personne issues de différents horizons de percevoir le sujet de façon claire.

Soumeya :Le spectacle m’a beaucoup fait pensé au concours Eloquentia dont K.James a été jury . Les petites coupures vidéo et la voix off permet au spectateur de reprendre son souffle. On retrouve une grande diversité dans le public. La façon d’aborder les sujets est pertinente. En tant que jeune du mirail j’ai été d’accord avec les deux partis. Je ne vais pas souvent au théâtre, mais cette pièce m’a donné l’envie d’y aller plus régulièrement.

Théo : “C’était la première fois que j’allais au théâtre. J’ai trouvé qu’ils jouaient bien, la pièce est bien écrite, j’ai bien aimé le côté narratif de la pièce avec la projection. Si je devais dire un défaut, je dirais le manque de surprise dans les décors.

Une interview avait été programmée en accord avec l’agent de l’artiste qui, après 1h30 d’attente, n’a pas pu se faire.  Le temps qui devait nous être accordé a donc été radicalement réduit, passant de 20 à 5 minutes. Un temps que nous avons préféré mettre à profit pour l’interroger sur la production de son film, qui était alors à venir.

Kery James : “Ça devient compliqué de parler aux jeunes de banlieues, c’est pour ca que j’ai fait un film. Ça m’a pris 3 ans pour le faire, aucune chaîne de télévision n’a voulu le financer. Ça arrive à d’autres films mais là j’avais du mal à croire que c’était pour des raisons artistiques. Quand j’ai écris le scénario, j’ai participé à un concours de scénaristes et concouru contre plus de 200 scénaristes qui avaient déjà porté des scénarios à l’écran, des gens qui avaient de l’expérience. Comme j’avais plus de 35 ans, je devais être dans cette catégorie là, et je suis arrivé en finale. Nous avions un budget de 2 millions d’euros, c’est un petit film. La bourse d’étude A.C.E.S est financée par moi-même et quelques autres financeurs. Le fonctionnement est simple. Je fais une tournée chaque année avec des concerts acoustiques et dans chaque ville où je me produis, je reverse une partie de mon cachet à un jeune de cette même ville pour qu’il puisse poursuivre ses études supérieures.”

Pour une critique théâtrale plus spécifique et approfondie, lire “La rose et le réséda: A vif de Kery James” sur le site L’alchimie du verbe – revue théâtrale sur la poétique scénique et dramaturgique.

Et, sur Chouf Tolosa, nos critiques contrastées du film de Kery James: “« Banlieusards » : Franchement pour!” et “« Banlieusards »: pas trop pour mais bon…”

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