Le 12 octobre dernier, « Banlieusards », le film de Kery James et Leïla Sy était diffusé sur Netflix. Une sortie attendue avec impatience tant par les fans du rappeur français que par toutes celles et ceux qui s’intéressent aux représentations des quartiers et de la banlieue au cinéma. Au sein de la rédaction de Chouf Tolosa les avis sont partagés. Ici, la critique enthousiaste de Sarah.
Ses fans le savent. Lorsqu’il prend la parole, ce n’est pas pour ne rien dire. Si Kery James était connu jusque là pour mette en forme le fond de sa pensée à travers le rap, il a voulu cette fois s’exprimer à travers un film, son premier. Celui qui dénonce le fait que « l’on aime bien que la banlieue soit racontée par des gens qui ne viennent pas de la banlieue », aura difficilement trouvé les fonds nécessaires pour nous présenter les banlieusards. Sorti ce 12 octobre sur Netflix, le film « Banlieusards » suscitait bien des attentes. Est-il donc à la hauteur de celles-ci et du talent de son réalisateur ?
Pourtant arrivé finaliste du prix du scénario en 2016, et vainqueur du prix Beaumarchais, le projet de l’artiste a difficilement trouvé du soutien, au point qu’il a faillit ne jamais voir le jour. Paradoxalement, alors qu’il ne se définit pas comme pro-américain selon l’interview que l’auteur de « PDM » (un titre interprété en featuring avec Kalash Criminel et adressé au président américain), a accordé à HipHopCorner le 2 avril dernier, c’est la plateforme américaine Netflix qui s’est engagée dans ce projet délaissé par les financeurs français. Et ce qui aurait pu être regrettable est finalement appréciable : les moyens de la plateforme permettent une réalisation et une esthétique qui sont à la hauteur de la qualité scénaristique.
Un réalisme équilibré
En effet, que ce soit sur la forme ou sur le fond, rien n’est assombri et rien n’est éclairci. Un réalisme équilibré, tenu entre victimisation et émancipation, entre solidarité et division, entre violence et humour, ente bons et mauvais choix. Les problèmes connus pour certains et méconnus pour d’autres sont abordés avec un sens de la justice et de la justesse. Par exemple, l’accès à l’éducation est évoqué à double sens dans le film, dépendant de chacun mais fragilisé par le manque de moyen. Le manque de bénévoles pour les soutiens scolaires en est le symbole et fait écho, notamment, à la réalité toulousaine dans le quartier des Izards. La responsabilité de l’Etat dans la situation actuelle des banlieues en France est évoquée, débattue et argumentée à travers un concours d’éloquence mené par l’avocat Bertrand Périer, déjà aperçu auprès de Kery James, dans le documentaire « A voix haute : La force de la parole» coréalisé par Ladj Ly, présentant des jeunes de Seine Saint-Denis.
L’avocat n’est pas la seule personnalité présente dans le casting. Mathieu Kassovitz y fait une brève apparition. Ainsi que Amal Bentounsi, dont le frère a été abattu par la police d’une balle dans le dos, qui y fait un passage silencieux. Le jeu d’acteur, quant à lui, est de grande qualité, dévoilant un Kery James impulsif, assuré et émouvant. Les rôles de Soulaymaan, Noumouké et Samir, sont joués respectivement par Jammeh Diangana, Bakary Diombera et Dali Benssalah, des visages qui m’étaient jusque là inconnus mais dont la prestation talentueuse m’aura marquée.
Des ressemblances avec “Divines”
Le scénario est extrêmement bien ficelé, contenant des histoires entremêlées, et interdisant le « ventre mou » redouté lors d’un film. J’y trouve certaines ressemblances avec le film « Divines » de Houda Benyamina, encensé par la critique. Les sujets profonds que Kery James nous a habitué à aborder, sont soulevés par des arguments solides. Par exemple lors d’une scène, dans un bus, il nous montre comment au sein des quartiers, l’incivilité des uns gêne l’intégrité des autres. Les rivalités et les règlements de compte, qui symbolisent la division, sont mis en parallèle avec la persévérance et la volonté. Kery James nous fait comprendre que le crime ne paie pas et que le savoir est une arme. En clair, le rappeur confirmé, nouveau-venu dans le cinéma et dont l’éclectisme s’avère fécond nous démontre pourquoi et comment on n’est pas « condamnés à l’échec ». En seulement une heure trente, l’auteur de « Banlieusards » aborde avec brio un éventail de problématiques sociales merveilleusement orchestrées.
Avec la sortie du titre « Tuer un homme » en featuring avec Lacrim, faisant écho à son film, et avec l’ambition, sur du long terme, d’écrire un film autobiographique, Kery James fait, selon moi, parti des rares artistes complets à réussir ce qu’ils entreprennent.
Lire également sur Chouf Tolosa: « Banlieusards : pas trop pour, mais bon… », la critique de Soumeya K. et Edgar Figaro et « A vif sous plusieurs focales », à propos de la pièce de théâtre de Kery James.
2 comments
Ce film ne mérite pas la qualité de cette article.
Les banlieusards “intelligent” on on assez de ses films qui nuisent à leurs image.
Ce film ne mérite pas la qualité de cette article.
Les banlieusards “intelligent” en on assez de ses films qui nuisent à leurs image.
La banlieue est déjà assez stigmatiser , pour qu’on en rajoute avec des film dévalorisant.