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Prisons israéliennes, le témoignage accablant de Salah Hamouri

by La rédac Chouf Tolosa

L’avocat franco-palestinien Salah Hamouri a passé près de 10 ans dans les prisons israéliennes avant d’être expulsé de sa terre natale. Mardi 16 mai, à Toulouse, il a témoigné de la situation dramatique des prisonnier·es politiques en Israël.

Salah Hamouri prenant la parole à la tribune de la Bourse du travail, mardi 16 mai, à Toulouse (DR)

Salah Hamouri, avocat palestinien de mère française, né à Jérusalem il y a 38 ans, a connu les geôles israéliennes dès l’âge de 16 ans. Il a été expulsé de Palestine, depuis Jérusalem-est, le 18 décembre 2022. Mardi 16 mai, il était à Toulouse pour parler du combat mené par les Palestiniens pour se libérer du joug colonial et du traitement indigne des prisonnier·es palestinien·nes. Une situation souvent condamnée par l’ONU et les organisations internationales de solidarité mais jamais réglée.

Accusé d’avoir été impliqué dans le projet d’assassinat d’un rabbin et d’être membre du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, membre de l’Organisation de libération de la Palestine – OLP – depuis 1968 mais considéré comme une organisation terroriste par les pays occidentaux), Salah Hamouri a été arrêté et emprisonné dès le mois de mars 2005. Contraint d’accepter une démarche de plaider coupable pour échapper à une trop longue peine, il a ensuite passé, cumulé entre cette date et son expulsion de décembre 2022, plus de 9 ans en détention administrative.

Mesure arbitraire héritée de l’époque du mandat britannique sur la Palestine, la détention administrative permet aux autorités israéliennes d’emprisonner des personnes pour une durée d’un à six mois, renouvelable sans limite de temps, sans notification de charge, inculpation ni jugement.

« Les conditions de détention sont celles d’un État colonial où tout est fait pour détruire physiquement et psychologiquement les Palestiniens », a résumé Salah Hamouri. 

Ajoutant que les personnes libérées sont souvent tellement abîmés qu’elles représentent une charge pour les familles qui les retrouvent et les accueillent.

Aujourd’hui, 4900 prisonnier·es palestinien·nes se trouvent dans les geôles israéliennes dont environ 1000 en détention administrative, a rappelé l’avocat lors de son intervention mardi 16 mai au soir à la Bourse de travail de Toulouse devant environ 300 personnes (voir notre récit de cette soirée perturbée par des activistes pro-israéliens).

Parmi ces prisonnier·es, figurent 160 enfants (de 12 à 18 ans) et 60 femmes. Depuis 1967, 240 palestinien·es sont mort·es derrière les barreaux israéliens, des suites de torture, d’assassinat ou de négligences médicales. Le dernier en date est Khader Adnan, militant du Jihad islamique, mort à 44 ans, mardi 2 mai. Il avait débuté une grève de la faim 87 jours auparavant et était placé à l’isolement. Ces dix dernières années, ce militant politique n’avait cessé de faire des passages dans les prisons israéliennes et d’y mener des grèves de la faim. Il a laissé derrière lui une femme et neuf enfants. 

Expulsé de Palestine en décembre 2022, l’avocat franco-palestinien tourne en France pour alerter sur la situation dans son pays (DR)

Selon le récit de Salah Hamouri, la situation des enfants est encore plus catastrophique. Traités comme des adultes, ils sont coupés de leur famille et de tout contact, pendant au moins les 3 premiers mois de leur détention. Ils n’ont aucune scolarité et sont obligés de se gérer comme des adultes. Pour rajouter à la difficulté, les prisons israéliennes sont isolées des villes, loin des endroits où vivent ces enfants, d’où d’importantes séquelles psychologiques. Le cas d’Ahmad Manasra, arrêté à 13 ans puis condamné à 9 ans de prison est emblématique de cette situation. Aujourd’hui âgé de 21 ans et toujours emprisonné, il a subit des violences en détention et souffre d’importants troubles mentaux. Selon les organisations internationales de solidarité qui suivent son cas, son état ne cesse de se dégrader.

L’avocat a également évoqué la question des transferts pénitentiaires dont les prisonnier·es font parfois l’objet. Avant ces transferts d’une prison à une autre, les cellules sont fouillées par les forces spéciales israéliennes puis les prisonnier·es mis dans des bus compartimentés, soumis aux fortes chaleurs en été et au froid en hiver, qui ne s’arrêtent qu’à destination, même en cas de malaise. Il est arrivé qu’il y ait des arrêts cardiaques sans que les autorités israéliennes ne réagissent.

Au-delà de la question des prisonnier·es palestinien·nes, Salah Hamouri a abordé la situation à Jérusalem, sa ville natale, avec les confiscations de terre et destructions de maisons comme dans le quartier de Sheikh Jarrah. Une politique visant à vider Jérusalem de ses habitant·es palestinien·nes qui passe aussi par l’installation de trams et de téléphériques réservés à la population israélienne. Les Palestinien·es né·es à Jérusalem n’ont pas le droit d’avoir des papiers. Lui-même n’a pu renouveler sa carte de résidence. C’est le cas de nombreux autres Palestiniens dont 4 députés, « sans papier », obligés de s’installer en Cisjordanie.

Pour finir, l’avocat expulsé en décembre dernier de son pays a insisté sur la nécessité et l’importance du soutien international à la lutte du peuple palestinien pour que ce dernier ne soit pas oublié et réprimé dans l’indifférence générale. Lors de sa conférence de presse donnée à la mi journée, il avait défendu la solution politique à un seul Etat laïc et démocratique sur la terre de Palestine.

Le lendemain de son passage mouvementé à Toulouse, mercredi 17 mai, Salah Hamouri est intervenu au village Emmaüs Lescar à Pau devant 200 personnes qui ont pu entendre son témoignage, au cours d’une soirée sans accroc.

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