Home L'actuA la une Médias de quartiers, un débat pour grandir

Médias de quartiers, un débat pour grandir

by Meryem Bahia

Le 25 octobre, dans le quartier des Izards à Toulouse, s’est tenu un débat animé par Chouf Tolosa sur les médias et les quartiers, dans le cadre du festival Origines Contrôlées. Un temps dont l’équipe a profité pour se présenter et rencontrer celles et ceux qui ont inspiré son initiative.

Un débat animé par l’équipe de Chouf Tolosa, avec Latifa Oulkhouir du Bondy blog, et Nora Hamadi et Julien Pitinome de Fumigène (© Pauline Beaudoin)

Du 23 au 27 octobre dernier, dans la salle Ernest Renan du quartier des Izards, a eu lieu la seizième édition du festival Origines Contrôlées. Au programme, des spectacles, des concerts, des débats mettant en lumière la vie des quartiers populaires de la ville rose. Cette année, le festival s’appuyait sur un récit plus étiré de l’histoire de l’immigration toulousaine puisque dans le même temps, l’exposition « Ô blédi ! Ô Toulouse ! », également organisée par le Takticollectif, orne les locaux de la Médiathèque José Cabanis depuis le 10 septembre et jusqu’au 12 janvier prochain. Pour l’occasion, une version condensée et itinérante avait donc été installée dans la salle Ernest Renan, cette exposition devenant le fil d’Ariane d’une réflexion déjà lourdement amorcée par l’équipe de Chouf Tolosa : Comment on se raconte ? Comment on se rappelle ? Comment on se souvient ? Comment on inscrit et écrit la mémoire de ces quartiers populaires toulousain ?

Le vendredi 25, juste avant une prestation incroyable de la rappeuse suisse KT Gorique et face à une salle pleine, trois médias en scène ont fait le pari d’une discussion autour de la thématique annoncée : les médias et les quartiers. Et c’est Chouf Tolosa qui a animé le débat, en tant que dernier arrivant dans le cercle et face à des prédécesseurs d’envergure tel que le Bondy Blog, représenté par sa directrice, la journaliste Latifa Oulkhouir et Fumigène Mag, représenté par la journaliste Nora Hamadi et le photographe Julien Pitinome.

Dans la soirée, la rappeuse suisse KT Gorique, s’est produite sur la scène de la salle Ernest Renan (©Pauline Beaudoin)

La principale prétention était de profiter de cette occasion rare pour partager nos expériences, apprendre de nos grandes sœurs et grands frères, et se remettre en tête l’évidence d’un souhait commun lié à des vécus communs : reprendre nos paroles confisquées, dépecer les stigmates, hurler les dissimulations, découper les dogmes et mettre au pied du mur toutes les représentations caricaturales de nos conditions. Créer, autour de nos histoires et de nos quartiers, des ancrages, des archives, et ce, afin non seulement de se raconter à nous-mêmes, mais aussi de raconter à celles et ceux qui suivent, qui sont, réellement, celles et ceux qui les précèdent.

Ainsi, la question centrale posée par Chouf Tolosa a-t-elle été celle de la durée. Comment on dure quand on est un média de quartier ? Quelle est l’économie d’un média pérenne ? Et comment on fait pour que ça ne s’arrête pas d’un coup, d’un seul, comme un ascenseur toujours susceptible de panne… Les débats, les récits croisés, les compte-rendus de vécu et d’expérience de nos invité.es ont permis de trouver quelques éléments de réponse. A étayer.

Pour la première fois depuis son lancement en juin 2019, Chouf Tolosa a donc pris la parole, en tant que média. L’occasion de se présenter, de se montrer, de dire aux personnes touchées par l’histoire de l’immigration et des quartiers populaires qu’il est possible de venir, de nous rejoindre. Que ce média de quartier ne veut pas être une structure savante au sein de laquelle les principales et les principaux concernés n’auraient pas leur place. Son, vidéo, écrit, tous les outils sont mis en valeur de manière, d’une part, à se rendre le plus accessible possible, d’autre part, de rendre compte de ces histoires par différents prismes, différentes focales, et ainsi les mettre d’autant plus en relief.

Une rencontre haute en couleurs et perspectives, trop courte pour tout creuser, mais bien assez forte pour nous laisser repartir avec la conviction qu’une part importante de nos histoires est en train de s’inscrire (s’écrire ?). Comme l’un de ces rares moments de transmission qu’on se languit de construire, et où l’on ne peut que se sentir fier de notre passé collectif et renforcés face à tout ce qu’il nous reste à fabriquer. En tout cas, pour l’équipe de Chouf Tolosa, ce fut un vrai régal !

0 comment
1

Related Articles

Leave a Comment