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Covid en France : vous ne comprenez plus rien ? C’est normal

by Leïla Larabi

La crise sanitaire que traversent France et le monde depuis le début de l’épidémie du Covid 19, en janvier 2020 dans la ville chinoise de Wuhan, est inédite. Y compris du point de vue de sa gestion cacophonique par l’exécutif macronien. Alors que le déconfinement arrive, retour sur cette communication confuse.

Le manque de tests restera l’un des symboles des tâtonnements du gouvernement français pour gérer la crise sanitaire (© ER)

On a compris grâce à Macron ce que sont les injonctions paradoxales : dire une chose aujourd’hui pour la contredire le lendemain. Et ajouter ainsi de la confusion au stress de millions de personnes qu’on a confiné à l’arrache : un confinement « indifférencié » comme le dit le chef de service des urgences de l’hôpital Georges Pompidou, le docteur Juvin. Et ce faute de moyens, vu qu’il n’y avait pas assez de masques ni de tests, donc rien qui puisse distinguer les malades des personnes saines !

Ainsi les personnes confinées ont forcément contaminé leur entourage et constitué des clusters familiaux comme dans les quartiers Nord de Marseille (selon France info, le 5 mai).

Depuis le début, l’exécutif a regardé ce qui se passait en Chine avec négligence, occultant les allées et venues entre les deux pays, qui auraient pu importer des cas de personnes contaminées. Macron, pourtant prévenu par l’ambassadeur français à Pékin, a fait la sourde oreille, selon une information rapportée par Le Canard Enchaîné du 6 mai mais démentie par le quai d’Orsay.

On se souviendra du président français nous disant qu’il fallait continuer de vivre et sortir: il a montré l’exemple le 7 mars en allant au théâtre avec sa femme. Cette dernière qui, paradoxalement, a remarqué avec effroi ce jour-là le monde qui longeait les quais de la Seine… Ou de l’ex-ministre de la santé Agnés Buzyn qui, avant de fuir le désastre, disait qu’il serait improbable de voir une épidémie en France, ce qu’a affirmé par la suite aussi son successeur Olivier Véran.

Les élections municipales ont donc été maintenues le 15 mars avec l’assurance que tout se passerait bien si les fameux « gestes barrières » étaient respectés : la mise à disposition, pour l’occasion, de gel hydroalcoolique et de masques a fait bondir ceux qui en manquaient cruellement, les héros envoyés au front sans armes. Les gens peu rassurés se sont abstenus. On sait ce que cela a donné: des élus décédés et des personnes infectées. Et le président qui, malgré tout ça, n’a jamais montré un seul regret face à cette décision qui a coûté la vie à 3 maires.

Confinement. Quelques jours avant la date du confinement, le ministre de l’éducation disait que les écoles ne fermeraient pas. Idem pour Sibeth Ndaye, la porte-parole du gouvernement qui, le 4 mars, assurait : « On ne va pas fermer toutes les écoles de France, comme quand il y a une épidémie de grippe, on ne ferme pas toutes les écoles ». Mais le confinement avec fermeture des écoles a bien été mis en place le 17 mars, deux jours après les élections municipales.

Masques. Olivier Véran, Sibeth Ndaye, Edouard Philippe nous ont assurés que les masques n’étaient pas nécessaires pour le public en début de crise. L’Etat avait même interdit aux pharmaciens d’en fournir même aux personnes à risque. Deux mois et quelques milliers de morts plus tard, les mêmes nous disent qu’ils seront indispensables et que si les gens ne les portent pas, ils risquent une amende de 135 euros. Sûrement pour remplacer celles distribuées en période de confinement pour non respect de confinement (selon l’humeur de l’agent rencontré). On a par ailleurs découvert que les grandes surfaces étaient capables d’en fournir au grand public à partir du 4 mai à des prix honteux. Et alors que le personnel soignant réagissait à l’annonce de ces mises en vente de masques lui manquant cruellement, le journal Le Monde a révélé le 7 mai : « La France a continué à détruire ses stocks stratégiques de masques alors que le pays était entièrement confiné ». Le ministre de la santé n’a toujours pas donné d’explication pour cet autre scandale. 

Tests. On peut aussi parler des tests insuffisants, pour lesquels certains laboratoires vétérinaires ont proposé leur aide, pour prêter main forte aux hôpitaux. « La France se prive de 15000 à 30000 tests par semaine parce qu’il n’ y a pas eu de réponse des ARS » titrait l’hebdomadaire Le Point le 3 avril. 

Contagion des enfants et réouverture des écoles. Macron a décidé de rouvrir les écoles le 11 mai et Olivier Véran assuré que le conseil scientifique approuvait cette décision alors que, le 20 avril, il disait:  « Le risque de transmission  est important dans les lieux de regroupement massif que sont les écoles et les universités avec des mesures barrières difficiles à mettre en oeuvre chez les plus jeunes ». Les enfants que Véran avait qualifié de très contagieux en mars ne le sont donc plus à l’approche du 11 mai. 

Ce tissu de mensonges et d’approximations tricoté depuis le début me fait penser à ce que disait la philosophe Hannah Arendt : « Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges, mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. »

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