Rachid Taha nous a quitté il y a presque 5 ans, le 12 décembre 2018. De nombreux hommages sont fréquemment rendus à celui qui représentait le visage et la voix d’une génération – appelée la “génération Beur” ou la “2ème génération” (les enfants des travailleurs immigrés maghrébins des 60’s) -, qui mènera la marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983. Deux élèves du collège Clémence Isaure, accompagnés dans le cadre de notre médiation autour de l’exposition Portraits de France, ont choisi de faire le portrait du charismatique blues man franco- algérien.
Rachid Taha est un chanteur franco-algérien de la fin du XXe siècle mondialement connu et qui s’est battu contre les discriminations et le racisme. Chanteur, compositeur et musicien algérien d’origine oranaise, né en 1958 à Sig en Algérie, il est décédé en 2018 en France. Il est considéré comme l’un des pionniers du raï rock, un genre musical qui mélange le raï, musique populaire algérienne, et le rock occidental. Rachid Taha a marqué l’histoire de la musique grâce à son style unique et son engagement social et politique.
Rachid Taha est né en Algérie pendant la guerre d’indépendance (1954-1962) et a grandi dans un contexte de lutte pour la liberté et la dignité de son peuple. Il a été fortement influencé par la musique algérienne, notamment le chaâbi, le raï et la musique kabyle. Il a également été inspiré par la musique rock et punk, qui représentaient pour lui la révolte et l’expression de la jeunesse.
Rachid Taha a commencé sa carrière musicale en France dans les années 80, où il a formé le groupe Carte de Séjour avec des musiciens français. Le groupe a connu un grand succès avec des chansons comme Rhorhomanie ou Douce France, une reprise de la chanson populaire française de Charles Trenet.
Rachid Taha a ensuite poursuivi sa carrière en solo avec des albums comme « Diwan » (1998), qui a rencontré un grand succès international. Dans ses chansons, il abordait des thèmes sociaux et politiques, notamment la discrimination, l’exil et la condition des immigrés. Sa chanson Voilà, Voilà ! (qu’ça recommence) évoque par exemple la menace de la montée de l’extrême droite dans le pays en faisant un rappel à l’histoire de la France occupée.
L’œuvre de Rachid Taha a été marquée par des contradictions et des paradoxes. D’un côté, il a été un artiste engagé qui a défendu les droits des immigrés et des minorités. De l’autre, il a été critiqué pour avoir repris des chansons plus “vieille France” comme « Douce France », ce qui a pu être interprété, pour certains, comme une acceptation de la culture française dominante, ou comme une provocation pour les autres. Il a par ailleurs connu un grand succès au sein du trio raï 1,2,3 Soleil aux côtés de Faudel et du chanteur Khaled.
De même, la musique de Rachid Taha a été caractérisée par des tensions et des nuances. Son mélange de raï et de rock est considéré comme une fusion innovante de cultures musicales, mais a également été critiqué pour sa commercialisation et son détournement des traditions musicales algériennes. Sa reprise des Clash, Rock the Casbah est entrée dans la légende, encensée par le groupe original lui-même, Mick Jones, co-fondateur du groupe, ayant déclaré préférer cette version.
Malgré ces contradictions et ces tensions, l’œuvre de Rachid Taha reste une expression artistique forte et originale, qui a marqué l’histoire de la musique et de la culture. Sa disparition en 2018 a suscité une grande vague d’émotion et de nombreux hommages lui ont été rendu en soulignant une énorme perte pour le monde de la musique et de l’engagement social et politique.
Paul et Rayan
Sources : Wikipedia, Le Monde