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Iman: « Je le porte comme une protection divine »

by Abdallah

Série le foulard des voilées 3/4. Aînée d’une fratrie de quatre enfants, originaire de Limoges, Iman, 20 ans, vit chez ses parents à Colomiers. Etudiante en fac de lettre et caissière dans un supermarché hallal, elle participe aussi bénévolement avec d’autres étudiants bénévoles, à des maraudes organisées par Humanity charity, une association de soutien aux plus démunis. Lorsque je lui propose cette interview sur le voile, elle accepte spontanément.

En septembre 2019, la diffusion de ce tract de la Fédération des Conseils de parents d’élèves (FCPE) avait entraîné un regain de poussée islamophobe en France.

Peux-tu me dire depuis quand tu portes le voile ? Et à quelle occasion ?

Je m’en souviens parfaitement, c’était le 26 juin 2015… le jour où j’ai dû « affronter le monde » ! Musulmane dans l’âme, la pratique assidue de la religion m’a tout naturellement amené à me poser la question. L’idée de porter le voile ne me lâchait pas et s’est imposée doucement en moi. Et j’ai pris la décision de porter le voile afin de parfaire mon engagement religieux. Mais le regard des autres et une forme de culpabilité prenaient le dessus, je n’osais pas… Alors, j’ai choisi le jour de la fête de mon quartier, à Limoges, pour me confronter à la réalité du port du voile. Ce jour-là, le 26 juin 2015, j’ai pris mon courage à deux mains afin d’affirmer ma conviction religieuse aux yeux de tous. Parée de mon foulard, j’ai participé aux festivités !

Qu’est-ce que cela t’a apporté ou changé en toi?

Un grand soulagement, un parfum de liberté, cela m’a permis de me sentir femme à part entière. Selon moi, une femme doit éviter de montrer les atours de son corps aux yeux des autres, en dehors de son mari. Je pense que porter le voile est une protection mais aussi une forme de respect pour son mari. Je porte le voile comme une protection divine.

As-tu subi des discriminations ?

Des regards oppresseurs, des réparties racistes… Au niveau de la fac, j’ai parfois rencontré des personnes qui m’ont fait comprendre que mon voile n’était pas très opportun, ce qui a contribué à me détourner de mon objectif premier qui était de faire médecine. Mais malgré ces discriminations administratives, je mène tout de même une vie active et engagée !

LE FOULARD DES VOILÉES, une série d’Abdallah
Le voile, symbole de l’oppression de la femme musulmane? C’est ce que l’on nous répète à longueur de temps depuis au moins trois décennies. En cette rentrée 2019, la pression est montée d’un cran avec la prise à partie d’une mère voilée par un élu RN, lors d’une séance du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Quelques jours plus tard, le ministre de l’éducation nationale déclarait que « le voile n’est pas souhaitable dans notre société ». Et les barbes « préoccupantes » ou « signifiantes » sont dans le collimateur… Bref, comme d’habitude à l’approche d’une échéance électorale, l’Islam fait figure de chiffon rouge.
Une fois encore, cette « question » a surtout été traitée, sur les plateaux télévisions et dans les médias dominants, entre personnes non-concernées et rivalisant d’arguments pour assurer que la laïcité et la République française sont mises en danger par ce voile.
Pour en savoir davantage, je suis donc allé à la rencontre de femmes voilées à Toulouse afin, tout simplement, de leur donner la parole.

Dans la même série, retrouvez nos interviews avec Soumeya, Houroufa et Soraya.

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