Home Les séries Soumeya : « Comme il pleuvait, les gens pensaient que je protégeais mes cheveux ! »

Soumeya : « Comme il pleuvait, les gens pensaient que je protégeais mes cheveux ! »

by Abdallah

Série le foulard des voilées ¼. Soumeya*, 25 ans, vit dans le quartier de la Reynerie, dans le grand Mirail, où elle est née et a grandit. Cette vraie toulousaine, passionnée de cinéma est aujourd’hui chargée de production au sein d’une association culturelle. C’est avec enthousiasme, et son sourire, qu’elle a donné de son temps pour répondre à mes questions.

Un dessin de Soumeya

Soumeya, peux-tu me dire depuis quand tu portes le voile ?

Depuis l’âge de 15 ans. J’ai été éduquée dans la religion musulmane : mes parents sont musulmans et mes grands-parents aussi. On m’a toujours appris les cinq piliers de l’Islam, les valeurs de l’Islam, et en grandissant, j’ai appris par moi-même. Disons que mes parents m’ont éduqué dans la religion de l’Islam jusqu’à mes dix ans à peu près. Puis, je m’y suis intéressée toute seule, à travers la lecture, mes questionnements qui me poussaient à me renseigner… Et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’un jour, vers l’âge de 15 ans, je décide de porter le voile. Ce jour-là, je suis sortie en cachette et comme il pleuvait, les gens n’ont pas prêté attention, ils pensaient que je protégeais mes cheveux ! Mais le lendemain, il ne pleuvait plus, et je le portais encore. Alors, certains m’ont questionné pour savoir si, vraiment, je portais le voile. Ils étaient très étonnés !

Qu’est-ce que cela a changé dans ta vie ?

Je me suis sentie libérée, comme si j’avais une aura autour de moi, un réel changement. Mon cœur était apaisé. Enfin… c’est particulier, un truc entre Dieu et moi, en fait. J’ai pris conscience que ce n’est pas par rapport aux gens que je porte le voile mais pour Dieu. Pour moi, c’était « Whouahou !! ». Je me souviens que ma mère était contre. Elle pensait que ça allait me fermer des portes, à l’école, pour le travail, et plus tard dans ma vie sociale. Quand j’ai commencé à porter le voile, les filles de mon entourage ne le portaient pas. À l’époque, j’étais la seule, ensuite il y a eu comme un phénomène de mode. Mais à l’heure actuelle, celles que je connais le portent par conviction. Ma mère ne portait pas le voile à son arrivée en France, quand je suis née non plus. Elle l’a porté bien longtemps après.

Est-ce que tu as subi des discriminations ?

Déjà, en tant que fille, je suis discriminée, ne serait-ce qu’au niveau des salaires. Quand tu viens de mon quartier, tu l’es encore plus, issue de l’immigration, encore un peu plus, et si on ajoute le voile à tout cela ! En France, on subit la discrimination à cause du gouvernement : on porte 10.000 étiquettes ! Il y a des pays où l’on recherche la compétence des gens et non leurs origines. Je pense que la France est un pays raciste de par son histoire, comme s’ils avaient encore des idées de colons dans leurs têtes.

Tu penses vraiment que la France est un pays raciste ?

Il y a des racistes et des ignorants. Et les ignorants se laissent porter par le mouvement.

* Soumeya est membre du comité de rédaction de Chouf Tolosa

LE FOULARD DES VOILÉES, une série d’Abdallah
Le voile, symbole de l’oppression de la femme musulmane? C’est ce que l’on nous répète à longueur de temps depuis au moins trois décennies. En cette rentrée 2019, la pression est montée d’un cran avec la prise à partie d’une mère voilée par un élu RN, lors d’une séance du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Quelques jours plus tard, le ministre de l’éducation nationale déclarait que
« le voile n’est pas souhaitable dans notre société ». Et les barbes « préoccupantes » ou « signifiantes » sont dans le collimateur… Bref, comme d’habitude à l’approche d’une échéance électorale, l’Islam fait figure de chiffon rouge.
Une fois encore, cette « question » a surtout été traitée, sur les plateaux télévisions et dans les médias dominants, entre personnes non-concernées et rivalisant d’arguments pour assurer que la laïcité et la République française sont mises en danger par ce voile.
Pour en savoir davantage, je suis donc allé à la rencontre de femmes voilées à Toulouse afin, tout simplement, de leur donner la parole.

Dans la même série, retrouvez nos interviews avec Houroufa, Iman et Soraya.

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Da10niho666 12 novembre 2019 - 12 h 38 min

La France n’est pas un pays raciste, ce sont les médias et les politiques qui on produits cette haine envers l’islam.

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